sabato 26 novembre 2016

SIMENON SIMENON. SIMENON, AVENTURIER EN CHAMBRE

A propos des romans d'aventure de Simenon, écrits sous pseudonymes 

SIMENON SIMENON. SIMENON, AVVENTURIERO IN CAMERA 
A propositio dei romanzi d'avventura di Simenon, scritti sotto pseudonimi 
SIMENON SIMENON. SIMENON, ARMCHAIR ADVENTURER 
About Simenon's adventure novels, written under pseudonyms 

1925. Simenon vient de passer de l'étape "contes" à l'étape "romans populaires". Il a réussi à placer plusieurs textes chez Ferenczi, pour l'essentiel des romans d'amour, ce qu'on appelle les romans "pour midinettes", ou "pour faire pleurer Margot". Maintenant, il va s'essayer à un autre genre, celui des romans d'aventure. Il a dans le viseur Tallandier et sa "collection bleue", ou collection "grandes aventures et voyages excentriques". En août 1925, paraît un premier roman chez cet éditeurLa prêtresse des vaudoux, signé Christian Brulls. Suivront, dans la même collection, un deuxième ouvrage sous le même pseudonyme (Se Ma Tsien, le sacrificateur, 1926), puis onze romans signés Georges Sim. Tous partagent une caractéristique semblable: dépaysement garanti… Simenon creusera la veine aventure également pour Ferenczi (collections  "le petit roman d'aventures""les romans d'aventures", "le livre de l'aventure") et pour la collection "l'aventure" chez Fayard, toutes collections où il publiera des romans sous ces deux pseudonymes, et ceci pendant longtemps, puisque les deux derniers romans du genre seront édités en 1937 par Ferenczi (L'île empoisonnée et Seul parmi les gorilles, signés Christian Brulls), à une époque où le romancier est déjà passé à l'étape "littérature tout court", après avoir utilisé le tremplin Maigret… 
Ce qui est intéressant ici, c'est de constater que le romancier populaire de 1925 se taille une réputation dans le roman d'aventure, décrivant ambiances et paysages exotiques, alors qu'il n'a encore mis les pieds dans aucun des pays qu'il fait traverser à ses héros: Haïti, Chine, Cap Horn, Afrique du sud, Grand Nord canadien, Inde, diverses îles du Pacifique, Terre de Feu, Pôle Nord, Océan Indien, Chicago, Pôle Sud, Afrique équatoriale, Mexique, Texas, Tahiti, Terre-Neuve, Utah, Caraïbes, Amérique centrale… Des endroits qu'il découvrira plus tard "pour de vrai" et avec quelle désillusion par rapport à ce qu'il avait imaginé dans ses romans ! C'est alors qu'il comprendra le piège de l'exotisme, vu depuis l'Europe, mais c'est là aussi qu'il réalisera combien l'homme est le même partout, et que sous les différences apparentes, il n'y a que "l'homme nu"… 
Mais, pour le moment, dans cette fin des années '20, il est installé le plus souvent à son bureau de la place des Vosges, et il fait le tour du monde grâce au dictionnaire: "J'écrivais vite. Je pouvais abattre mes quatre-vingt pages par jour quand je voulais. C'était souvent un enchantement. Surtout les romans pour les jeunes, c'est-à-dire les romans d'aventures. […] Je m'étais offert le Grand Larousse et, pour écrire Se ma Tsien le Sacrificateur, par exemple, il me fallait lire tout ce qui était dit sur le Tibet et sur les contrées voisines. Huit jours après, je me trouvait en plein Congo, notant le nom des plantes, des animaux, des différentes tribus. Venait le tour de l'Amérique du Sud, de l'Amazone. J'ai voyagé ainsi dans le monde entier, assis devant ma machine" (Dictée Un homme comme un autre). 
Dans la conférence qu'il donne en novembre 1945 à New York, Le romancier, il évoque aussi l'enchantement de ces souvenirs d'"aventurier en chambre": "J'ouvrais l'Encyclopédie Larousse, un peu au petit bonheur. […] Une flore inconnue, des noms qui me chantent aux oreilles.  […] Je vis dans le merveilleux, et c'est justement du merveilleux que réclament les enfants jeunes ou moins jeunes pour qui je vais écrire. Pendant trois jours, le dos au feu, dans ce décor de la place des Vosges […], je vais vivre, moi, dans la brousse africaine, rencontrer des lions, des troupeaux d'éléphants ou de buffles, des girafes, des gorilles et des serpents à sonnette ! Je raconte des histoires et je me les raconte à moi-même. […] J'ai fait ainsi le tour du monde, sans bouger. Et je vous jure que ce monde-là était beau." 
La réalité est évidemment moins rose que dans les livres, et Simenon s'en rendra compte lorsqu'il ira visiter plus tard tous les endroits de ces romans populaires, comme il le dit à Roger Stéphane dans l'entretien qu'il lui accorde en 1963: "Je dois dire que le monde me paraissait splendide à ce moment-là, car, avec le Larousse illustré, tous les pays sont merveilleux ! Quand je suis allé les voir plus tard, j'ai eu une déception énorme !" Mais, passé la déception, avec le recul et le nécessaire apprentissage que Simenon a fait en découvrant tous ces pays, tout en se rendant compte que "l'aventure n'existe pas" (c'est le titre de la conférence qu'il a donnée en décembre 1935, après avoir fait – dans la réalité – un tour du monde), il en tirera tout de même quelques leçons: que l'homme est partout le même, et que, comme il le dit dans la dictée A quoi bon jurer ?: "[L'aventure] n'existe qu'en nous-mêmes.Et puis aussi, le romancier, après ces voyages dans le réel, en tirera des décors pour ce qu'on appelle ses "romans exotiques", qui, cette fois, à défaut d'avoir le pittoresque des romans populaires, auront du moins des ambiances "plus vraies que nature"… 

Murielle Wenger

1 commento:

  1. "Il est nécessaire d'établir comme une loi que l'aventure n'existe pas." Così inizia il secondo capitolo del ""Petit Manuel du Parfait Aventurier"scritto da quello che è "l'altro" mio autore preferito: Pierre Mac Orlan. Fa piacere vedere come questi due maestri del romanzo si incontrino idealmente attraverso queste parole.

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