Couleurs, «mots-matière» et un petit jeu pour nos lecteurs…
SIMENON SIMENON. IL ROMANZIERE E IL GIOCO DEGLI COLORI
Colori, «mots-matière» e un piccolo gioco per i nostri lettori...
SIMENON SIMENON. THE NOVELIST AND THE GAME OF COLOURS
Dans son ouvrage Georges Simenon et le monde sensible, Bernard Alavoine propose un intéressant chapitre consacré au thème des couleurs dans l'œuvre du romancier. Il y mentionne que la couleur rouge est particulièrement présente dans les romans, sous toutes sortes d'aspects symboliques: chaleur bienfaisante qui apporte la vie (souvenons-nous du poêle «chauffé au rouge»de Maigret), couleur «signalétique» des objets (voitures rouges, et le titre du roman Feux rouges), mais aussi le rouge sensuel du plaisir avec les innombrables cabarets et boîtes de nuit aux tentures rouges, et les robes rouges de certains personnages féminins.
Dans le même ouvrage, on trouve un entretien qu'Alavoine avait mené avec Simenon en 1979, dans lequel il évoquait, entre autres choses, la thématique de la couleur. Le romancier lui disait qu'il avait une prédilection pour les couleurs chaudes (ce qui se confirme par les statistiques faites sur les adjectifs de couleur utilisés dans son œuvre) et il faisait remarquer à son visiteur la couleur «orange abricot» des murs de la pièce où il le recevait, dans sa petite maison… rose… Simenon ajoutait que sa couleur préférée était peut-être le jaune. Ce qui n'aurait rien d'étonnant, car cette couleur évoque le jaune solaire, le jaune de la lumière, et le thème de la lumière occupe peut-être une place encore plus importante que celle des couleurs dans son œuvre. C'est en cela qu'il se sentait si proche des peintres impressionnistes, car ceux-ci, disait-il dans le même entretien, «essayaient de décrire la vibration de la lumière».
Chez Simenon, la couleur des objets et des vêtements des personnages est rarement anodine, et on pourrait prendre ici des exemples parmi les voitures qu'on recherche dans plusieurs enquêtes du commissaire: la Peugeot 403 rouge dans Maigret et le clochard, la Citroën jaune des amis d'Albert dans Maigret et son mort, la Jaguar jaune d'Ed Gollan dans Maigret et le fantôme, ou le cabriolet vert de Justin dans Signé Picpus… Les noms de couleurs font sans aucun doute partie de ces «mots-matière» chers au romancier (les mots-matière, écrit Simenon dans sa dictée Destinées, «ont à peu près la même résonance pour chacun d'entre nous»), parce qu'ils parlent immédiatement au lecteur, et de même que «pluie», «vent» ou «soleil», les noms de couleurs comme «rouge» ou «jaune» sont évocateurs pour quiconque les lit, et en même temps, il peut y mettre son propre ressenti. Même si chacun de nous n'imagine pas forcément la même pluie ou le même rouge lorsqu'il lit ces mots dans un roman, à chaque fois cela reste de la pluie ou quelque chose de rouge…
L'importance des couleurs se mesure même dans les titres de certaines œuvres (nous en avons déjà parlé sur ce blog): on rappellera ici Les Volets verts, La Boule noire, L'Ane rouge, La Chambre bleue, Le Cheval-Blanc et Le Chien jaune… On pourrait d'ailleurs s'amuser à renommer certains titres en utilisant une couleur qui est importante dans l'intrigue, comme Maigret et la dame en mauve (Maigret à Vichy) ou Maigret et l'homme aux souliers jaunes (Maigret et l'homme du banc), ou encore Maigret dans la petite ville en briques rouges (Un crime en Hollande)… Amis lecteurs, je vous invite à un petit jeu: proposez-nous vos propres titres colorés de romans de la saga maigretienne ou de romans durs...
Murielle Wenger
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