Les œuvres de Simenon sont-elles d'une noirceur absolue ? Quelques éléments qui disent le contraire…
SIMENON SIMENON. L'UMORISMO DI UN ROMANZIERE
Ma sono le opere di Simenon di una malinconia assoluta? Alcuni elementi dicono il contrario...
SIMENON SIMENON. A NOVELIST'S HUMOUR
Are Simenon's works of absolute darkness? Some elements that say the opposite...
Dans sa dictée Des traces de pas, Simenon évoque les billets quotidiens qu'il écrivait alors qu'il était employé à la Gazette de Liège, dans la rubrique «Hors du poulailler»: «il y a cinquante-trois ans exactement, je me considérais comme un humoriste ou un futur humoriste. […] Humoriste ? Cela m'aurait beaucoup plu, quoiqu'on prétende que les humoristes sont des gens tristes et que je ne le suis pas. En Angleterre, cependant, la plupart des critiques soulignent dans mes livres les plus sombres des traits d'humour. En France, on n'a jamais parlé d'humour à propos de mon œuvre. Est-ce que j'en ai ? Est-ce que je n'en ai pas ? En tout cas, à dix-sept ans, date de ces petits billets quotidiens, j'en avais et je serais désolé de l'avoir perdu en route.»
On se rappelle que le premier roman que Simenon a écrit, Au Pont des Arches, en 1920, portait en sous-titre «roman humoristique». Peut-être que le jeune écrivain en herbe imaginait en effet son avenir dans une carrière d'humoriste. Et peut-être y aurait-il eu un certain succès. Car, contrairement à ce que d'aucuns imaginent, Simenon est loin de manquer d'humour. Après tout, n'a-t-il pas écrit, pendant sa période de «littérature alimentaire», de nombreux romans folâtres non dénués d'humour ?...
Certes, si l'on pense à ses romans durs, il ne nous viendrait pas à l'esprit de considérer que leur première caractéristique est l'humour. Les thématiques en sont trop graves, trop profondes pour qu'on puisse les taxer de légèreté. Ce qui n'empêche pas qu'on puisse y trouver, au détour d'une scène, un trait d'humour ou quelque allusion amusante. Et lorsqu'on lit les textes autobiographiques, en particulier les dictées, on y rencontre à plus d'une reprise des moments d'humour. De plus, comme le disait Simenon lui-même dans la citation que nous avons donnée ci-dessus, ce n'est pas parce qu'il écrivait des romans durs au ton sérieux, tragique ou dramatique, qu'il était lui-même quelqu'un de triste dans la vie quotidienne. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter ou de voir quelques-unes de ses interviews, où il fait preuve d'un humour certain.
Mais peut-être la manifestation la plus évidente de son humour de romancier se trouve-t-elle dans les romans de la saga maigretienne. En effet, par la présence du commissaire qui leur donne une certaine légèreté, même si les thèmes traités sont aussi sérieux et profonds que dans les romans durs, les romans Maigret permettent davantage de traits d'humour.
Celui-ci se manifeste de diverses façons, par exemple dans la description de certains personnages, et du commissaire lui-même, que son créateur s'amuse plus d'une fois à placer dans des situations cocasses ou qui du moins peuvent susciter le sourire du lecteur. Qu'on se rappelle par exemple la scène des bretelles mauves dans Signé Picpus.
Mais le romancier a aussi doté son personnage d'un sens de l'humour avéré, et d'une ironie qui, pour être feutrée, n'en est pas moins réelle. Certains critiques n'ont voulu voir en Maigret que le bonhomme bourru et bougon tel qu'il peut apparaître parfois. Mais ce serait une erreur d'imaginer qu'il n'est que cela, et, pour qui prend la peine de relire les romans, cela devient une évidence que le commissaire est capable d'exercer son sens de l'humour. Rappelons, parmi nombre d'exemples que l'on pourrait trouver, une des scènes les plus célèbres de ce point de vue-là, celle qu'on trouve dans Maigret et son mort, lorsque le commissaire est au téléphone avec le juge Coméliau.
Et les acteurs qui ont interprété le commissaire ne s'y sont pas trompés, pas plus que les réalisateurs qui connaissaient bien l'univers de la saga. On pourrait trouver bien des exemples, que ce soit dans les séries avec Gino Cervi, avec Michael Gambon ou Jean Richard, de scènes d'humour qui ne déparent pas les intrigues, aussi sévères que soient celles-ci…
Ce qui prouve, une fois de plus, que les jugements à l'emporte-pièce, les opinions toutes faites ne sont pas de mise, et peut-être moins que jamais en ce qui concerne Simenon, son œuvre et Maigret…
Murielle Wenger
Nei romans "grivoises"giovanili Simenon diede prova di un notevole umorismo.fanno sorridere ancora oggi(esempi ne siano "Un monsieur libidineux","Nini violée","Un viol au 14 art"..)
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