A propos des films tournés pendant la
guerre, avec Albert Préjean dans le rôle de Maigret
SIMENON
SIMENON. MAIGRET TORNA… AL CINEMA/2 – CECILE AL MAJESTIC
A proposito dei film girati durante la
guerra, con Albert Préjean nei panni di Maigret
SIMENON SIMENON. MAIGRET COMES BACK… TO THE
MOVIES/2 – CECILE AT THE MAJESTIC
About the
films shot during the war, with Albert Préjean in the part of Maigret
La semaine dernière, nous avions évoqué le
premier film tourné par Albert Préjean, Picpus,
et nous avions dit combien celui-ci s'éloignait du roman original. Néanmoins,
le film plut à un public avide de divertissements en ces temps difficiles, et
il n'y avait pas de raison de ne pas continuer sur la lancée.
Le tournage de Cécile est morte débute en décembre 1943, et le film sort en mars
1944. Les critiques continuent à être positives, avec toujours les mêmes
réflexions qui reviennent: Préjean n'est pas Maigret, mais il reste sympathique
dans son rôle. On peut noter cependant que Préjean semble acquérir une certaine
"pondération" dans ce deuxième opus, sa façon de jouer se rapprochant
un peu plus du personnage du commissaire. Le scénario, lui, prend quelques
libertés avec le roman, mais le film reste assez crédible, dans la ligne
simenonienne… jusqu'aux trois quarts de son déroulement, lorsque, pour une
raison qui nous échappe, on y introduit une scène burlesque où Maigret et Lucas
se lancent, en moto, à la poursuite des suspects… Le film est bien apprécié du
public, et des critiques, et l'on peut résumer leurs dires par ces deux
extraits d'un numéro de Le Journal,
sous la plume d'un certain Jean Roméis: "Préjean n'a pas la rondeur la bonhomie, le laisser-aller [de Maigret],
il ne traduit pas avec assez de nuance la prodigieuse vie intérieure de
l'illustre policier"; "il reste que Cécile est morte est un film fort bien fait, [avec] quelques gags
qui font de cette histoire à trois cadavres une comédie assez joyeuse."
Pas sûr que Simenon aurait apprécié qu'une enquête de son héros prenne les
allures d'une comédie…
On retrouvera Préjean une troisième fois
dans ses œuvres, pour Les caves du Majestic,
film entouré de quelques anecdotes plus ou moins connues des simenophiles, mais
qu'on peut rappeler ici. En août 1943, des rumeurs commençaient à circuler sur
le tournage, par la Continental, d'un nouveau film avec Maigret, mais on
évoquait alors Les caves du Majestic (et
non Cécile est morte). Le problème,
c'est que Simenon avait vendu les droits de ce roman quelques années plus tôt à
une autre société. Alfred Greven finit par obtenir gain de cause, arguant de
son droit, puisque la Continental avait acquis, par le contrat de 1942,
l'exclusivité sur le personnage de Maigret… Ce qui fait que, en 1944, le
tournage de Les caves du Majestic peut
commencer, non sans difficultés. En effet, Charles Spaak, le scénariste du
film, alors qu'il travaille sur le projet, est arrêté par la Gestapo, et
emprisonné, parce que son frère est dans la Résistance. Un jour, il reçoit la
visite, dans sa cellule, d'un délégué de la Continental, qui lui dit en
substance que la firme aimerait tourner le film, mais le scénario s'est
tellement éloigné du roman que personne n'est capable de connaître le fin mot
de l'histoire, si ce n'est Spaak lui-même. On demande donc à celui-ci de terminer
sa besogne, tout en restant en prison, et Spaak accepte, moyennant quelques
conditions: qu'on lui fournisse de quoi fumer et manger en suffisance, et aussi
de quoi écrire… Au fur et à mesure de l'avancée de son travail, un homme de la
Continental vient chercher les feuillets déjà écrits.
Le film ne sortira qu'en octobre 1945,
alors que la guerre est finie et que les Allemands ont déjà depuis longtemps
plié bagage… Et cette fois, les critiques vont être moins bonnes. Soit que le
film ait été, effectivement, encore moins réussi que les autres, soit que les
goûts du public aient changé, dans la nouvelle ambiance et l'euphorie de la
Libération, soit que l'ombre de l'occupant plane malgré tout sur le film… Signe
des temps ? Un critique de l'époque évoque ce qui murmure déjà en coulisse, à
savoir que les Américains pensent à Charles Laughton pour camper un Maigret
plus proche, physiquement parlant, du commissaire des romans. Trois ans plus
tard, en 1948, sortira The Man of the
Eiffel Tower, une adaptation de La
tête d'un homme…
Bilan de l'histoire: l'interprétation de
Préjean ne restera pas dans la mémoire collective comme une prestation
importante pour le personnage de Maigret; Simenon y aura gagné, à part de
bonnes rentrées financières, quelques ennuis avec le comité d'épuration; et il
faudra attendre les années '50 pour retrouver un Maigret crédible sur le grand
écran, d'abord Michel Simon dans Brelan
d'As, puis surtout Gabin dans la trilogie commencée avec Maigret tend un piège…
Murielle Wenger
assurda la scena con maigret che fa un inseguimento in moto..
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