martedì 21 maggio 2019

SIMENON SIMENON. UN COMMISSAIRE SANS VISAGE ?

Quelques considérations à propos de la description physique de Maigret  

SIMENON SIMENON. UN COMMISSARIO SENZA FACCIA ? 
Alcune considerazioni sulla descrizione fisica di Maigret 
SIMENON SIMENON. A CHIEF INSPECTOR WITHOUT FACE?  
Some thoughts about Maigret's physical description 

Lorsqu'il s'agit de reconnaître quelqu'un, sur quels indices s'appuie-t-on ? Son allure physique, sa façon de marcher ou de se tenir, le son de sa voix; mais, avant tout, ce sont les traits du visage qui nous permettent de dire à coup sûr que la personne que l'on a en face de soi est bien celle qu'on connaît.  
Ce n'est pas pour rien que dans les romans policiers, et dans les romans Maigret aussi, on a recours aux empreintes digitales pour identifier un cadavre; par exemple, dans Maigret et le corps sans tête, malgré que le médecin légiste trouve une cicatrice sur le corps d'Omer Calas, sa tête, et donc son visage, étant absents, on n'est pas sûr qu'il s'agit bien de lui, et il faut l'épreuve décisive des empreintes digitales pour l'identifier. 
Alphonse Bertillon, l'inventeur des mesures anthropométriques (empreintes digitales, mensurations corporelles) avait établi également une nomenclature des traits du visage, et, en 1905, le professeur Reiss, qui avait suivi les cours de Bertillon, publiait Le Manuel du portrait parlé (on le trouve en ligne ici:  
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k147207b/f7.image), qui devait aider les policiers à identifier suspects et criminels.  
Au début de La Première Enquête de Maigret, on voit le jeune secrétaire du commissariat, alias Maigret, plongé dans la lecture de ce manuel, intitulé, dans le roman, Cours de signalement descriptif (Portrait parlé) à l'usage des officiers et inspecteurs de police. C'est à cet ouvrage que Maigret se réfère dans Pietr le Lettonlorsque Simenon donne un exemple de «portrait parlé» en détaillant le signalement du Letton.  
Tout ceci pour en venir à une réflexion sur ce paradoxe: Maigret n'a pas de visage, et ce n'est pas cela qui l'identifie… Simenon a fait de son personnage une silhouette, massive, qu'on reconnaît d'abord à son pardessus, à son chapeau et à sa pipe. On ne sait quasiment rien du visage du commissaire, si ce n'est qu'il a une large face, de gros yeux, des cheveux châtain sombre et des yeux gris; et encore, la couleur des cheveux et des yeux n'est-elle mentionnée qu'une seule fois dans la saga (respectivement dans Pietr le Letton et Liberty Bar) 
Ce choix de Simenon de ne faire qu'une esquisse sommaire de Maigret est incontestablement un bon choix, parce que cela permet, comme nous l'avons déjà dit souvent, à chaque lecteur de se faire sa propre image, et c'est aussi une des raisons pour lesquelles tant d'acteurs très différents, physiquement parlant, ont pu se couler dans le moule du commissaire: un pardessus, un chapeau, une pipe, et le tour est joué, il n'y a pas besoin de savants artifices de maquillage pour se faire une tête «à la Maigret»… C'est aussi pourquoi le romancier a pu se déclarer tour à tour déçu ou convaincu par l'interprétation de tel ou tel acteur, parce qu'à chaque fois il pouvait se retrancher derrière le fait qu'aucun d'eux ne ressemblait physiquement, du moins par le visage, à Maigret, tel que le romancier lui-même se le représentait.  
Dans une interview à propos des 50 ans de la naissance de Maigret, le journaliste Henri-Charles Tauxe demandait à Simenon quelle était, selon lui, la meilleure interprétation de Maigret faite à l'écran. Simenon répondit: «Aucune, car elles sont toutes artificielles. […] Les adaptations trahissent toujours le roman, pour cette raison surtout que je ne dessine pas en détail mes personnages et je ne fais jamais de descriptions minutieuses. Le lecteur doit travailler un peu !» Il est d'ailleurs à remarquer que lorsque Simenon avait des propos élogieux sur les interprètes de Maigret, à propos d'une possible ressemblance physique entre l'acteur et le personnage, il mentionnait des détails sur la silhouette, la carrure, la démarche, mais pas sur le visage. D'ailleurs, lorsque Simenondans ses Mémoires intimes, raconte l'inauguration de la statue de Maigret à Delfzijl, il écrit: «le voile [qui cachait la statue] tombe enfin, découvrant un Maigret qui, dû à un sculpteur hollandais, ressemble autant que possible à celui que j'ai imaginé et que je suis seul à connaître.»… 

Murielle Wenger 

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