martedì 28 maggio 2019

SIMENON SIMENON. UN HOMME À LA RECHERCHE DE LUI-MÊME

Un petit parcours à travers les "Dictées" 

SIMENON SIMENON. UN UOMO IN CERCA DI SE STESSO 
Un piccolo percorso attraverso i "Dictées" 
SIMENON SIMENON. A MAN IN SEARCH OF HIMSELF 
A small course through the "Dictées" 


Le 13 février 1973, à l'occasion de son 70ème anniversaire, Simenon déballe le cadeau qu'il s'est offert, un magnétophone. Il vient de décider d'arrêter sa carrière de romancier, de ne plus se mettre dans la peau de ses personnages, mais d'essayer de se comprendre lui-même, à travers ses réflexions qu'il confie à son appareil enregistreur 
Ce projet, d'ailleurs, ne va se mettre que progressivement en place, et il n'est pas encore bien dessiné lorsqu'il commence sa première dictée. A ce moment-là, il évoque son «petit enregistreur [qui est] plutôt pour [lui] un jouet qu'un instrument de travail.» Il parle de son «besoin de raconter de vive voix des histoires, d'évoquer des pans de passé sans avoir à l'esprit que ces textes seront lus un jour par des inconnus.» Quelques semaines plus tard, Simenon dicte: «J'ai envie de vivre sans réfléchir à ce que je fais, à ce que je suis.» Pourtant, c'est bien à la recherche de l'homme qu'il est, du romancier qu'il a été, et de l'enfant qu'il fut, qu'il va consacrer l'essentiel de ses dictées, et, à la mi-septembre, il achève le premier volume en dictant: «Je soupçonne qu'un jour ou l'autre mon jouet m'attirera à nouveau. Les hommes de mon âge éprouvent le besoin de parler, de se raconter». 
C'est bien ce qui se passer: le deuxième volume commence dans la foulée, car, dit Simenon, «c'est devenu un besoin de dicter pour ainsi dire chaque matin [et] je vais dicter n'importe quoi, tout ce qui me passera par la tête». Dans les dernières lignes de ce volume, il se pose la question d'une éventuelle publication de ces dictées, et il ajoute que s'il ne les laisse pas publier, il les continuera «pour mon propre plaisir et peut-être essayer de me connaître mieux moi-même. […] Mais, à travers moi, n'est-ce pas, comme je le fais depuis près de cinquante ans, tous les hommes que j'essaie de mieux connaître ?» Simenon achève sa troisième dictée en expliquant à nouveau son besoin de s'exprimer, mais d'une façon différente, «presque opposée à celle du roman, à chercher en moi-même la partie qui appartient à l'homme tout court, à l'homme universel.» 
Et les dictées s'égrènent les unes après les autres, Simenon poursuivant ses réflexions, ses confidences, ses souvenirs, les événements petits et grands du quotidien. Il continue à affirmer qu'il a besoin de ce «bavardage sans queue ni tête, mais il m'était nécessaire et c'est à moi-même, en somme, que j'ai éprouvé le besoin de parler.» Il oscille entre coups de gueule et plaisir de savourer les petites joies, se demande souvent l'utilité de ces dictées, en vient à avoir des doutes: «je ne peux pas […] continuer pendant je ne sais combien de volumes à m'analyser.» 
Et pourtant, il continue… Il continue à se chercher, à se donner l'illusion qu'il est sur la voie d'une certaine sérénité, mais, après vécu un des événements les plus dramatiques qui soient, le suicide de sa fille, il se raccroche de plus en plus aux petites joies, à la narration de souvenirs, à l'évocation de ses enfants. Et s'il essaie encore de répondre à son souhait du départ, celui de mieux se connaître, le ton se fait cependant de plus en plus désabusé: «Quand, il y a cinq ans, j'ai commencé ma première dictée, j'ai annoncé la couleur en prévenant que je serais presque l'unique personnage de cette série. Quitte à ce que je me déteste un jour à cause de cela, je continue et je persiste.» 
Dans les lignes qui terminent son ultime dictée, Simenon dit: «En commençant cette série […], j'espérais me découvrir moi-même. Y suis-je arrivé ? Je commence à en douter.» Il annonce aussi que ce 21ème volume sera le dernier de la série, mais il se laisse une porte de sortie, disant qu'il aura sans doute encore besoin de s'exprimer: «J'ai beaucoup écrit, puis beaucoup dicté. Je ne conçois pas qu'il me soit possible de vivre en me taisant.» 
Quand il reprendra la parole, ce ne sera pourtant pas au magnétophone. C'est sur le papier, à la main, qu'il va coucher, à 77 ans, ses Mémoires intimes…  

Murielle Wenger 

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