martedì 14 giugno 2016

SIMENON SIMENON. PRISE EN DIRECT SUR UN ROMANCIER AU TRAVAIL

Quelques extraits commentés du livre Quand j'étais vieux 

SIMENON SIMENON. PRESA DIRETTA SUL ROMANZIERE AL LAVORO 
Alcuni estratti commentati dal libro Quand j'étais vieux  
SIMENON SIMENON. LIVE SHOTS OF A NOVELIST AT WORK 
Some comments on extracts from the book When I was olD
 
25 juin 1960. On est encore loin de la période des Dictées et des Mémoires intimes, mais Simenon éprouve soudain le besoin de parler de lui. Il ouvre un cahier, et, alors qu'il écrit les premières lignes, il ne sait pas encore très bien où cela va le mener: ce n'est pas vraiment un récit de souvenirs, pas vraiment non plus un journal, mais plutôt une somme de réflexions sur lui, sur son métier, sur sa famille, sur toutes sortes de sujets. Il y aura en tout trois cahiers, rédigés entre juin 1960 et février 1963. Simenon n'acceptera de publier ces textes qu'en 1970, sous le titre de Quand j'étais vieux. 
Ce livre permet d'avoir des renseignements "en direct" sur ce qu'il vit à ce moment-là, même si, au final, certaines choses seront passées sous silence… Ce qui nous intéressera aujourd'hui, ce ne sont pas les aspects de sa vie intime et familiale dont il parle dans ses cahiers, mais ce sont ses réflexions sur son travail. Car, contrairement aux Dictées, rédigées alors que Simenon a terminé sa "carrière de romancier", au temps où il écrit dans ces cahiers, il est encore en pleine activité créatrice, et on peut avoir ainsi quelques témoignages sur celle-ci 
Le premier cahier s'ouvre d'ailleurs sur une réflexion à propos du roman qu'il vient de terminer, quatre jours plus tôt: "Or, le premier jour que je me suis mis à l'écrire, vers la neuvième ou dixième page, j'ai eu la sensation que c'était vain d'essayer d'aller jusqu'au bout, que je n'arriverais à rien de vivant. J'étais seul, comme toujours lorsque j'écris, dans mon bureau aux rideaux fermés. J'en ai fait le tour cinq ou six fois et, si cela n'avait été une sorte de respect humain, j'aurais déchiré ces quelques pages et attendu quelques jours pour commencer un autre roman. C'est arrivé deux ou trois fois en un an. Cette fois-ci, je me suis mis à sangloter. Puis, sans trop de confiance, je me suis remis à ma machine. Je pense que c'est le meilleur des Maigret. Je le saurai quand j'en commencerai la révision. Dès le Festival de Cannes, je voulais écrire un roman plein de soleil et de tendresse. J'en avais un en tête, pour lequel les personnages, le décor étaient prêts. De celui-là, je n'ai écrit que trois pages. Ce n'était pas un Maigret et mes héros avaient la trentaine. Je me suis rendu compte après coup que dans Maigret et les vieillards, qui a en quelque sorte remplacé ce roman abandonné, j'ai exprimé la même tendresse, mis autant de soleil, mais avec des personnages qui ont tous entre soixante-douze et quatre-vingt-cinq ans…" 
Ce qui est intéressant à relever ici, c'est non seulement le fait que l'"état de grâce", qui permet à Simenon de se lancer dans un nouveau roman, n'est pas donné d'avance, et qu'on est loin de la légende d'une facilité féconde, mais encore que même pour les romans Maigret, tout n'allait pas forcément de soi. Et Simenon avait beau dire que les Maigret, il les écrivait en sifflotant, on voit ici que c'était pas toujours le cas… Il est vrai aussi que ce Maigret et les vieillards est sans doute un des plus beaux et les plus forts de la saga maigretienne, et qu'il atteint des profondeurs qui dépassent de loin le cadre d'une simple enquête policière 
Un peu plus loin, Simenon explique aussi comment il vit son travail: "Dès que j'ai essayé de créer, cela a été pour moi une peine, des heures d'angoisse plutôt que d'euphorie. Plus j'avançais, plus cela devenait difficile, ou, ce qui est plus exact, plus j'avais le trac. Ce trac-là, maintenant, atteint une telle intensité que j'en suis physiquement malade les jours qui précèdent le début d'un roman et le premier matin. […] plus j'avance, plus [mes romans] m'épuisent. Il est vrai que je m'efforce de concentrer toujours davantage." Et, quelques lignes plus bas: "Ecrire pour écrire, ce qui, je le croyais à douze ans, constitue le métier d'écrivain. Et c'est peut-être vrai en partie. Seulement, je ne suis pas écrivain. Je suis romancier. Et le romancier ne connaît pas la joie d'écrire." 
On trouvera dans Quand j'étais vieux encore d'autres remarques à propos des romans qu'il a écrits à cette période, mais aussi beaucoup d'autres sujets. La longueur limitée de ce billet ne nous permet pas de nous étendre plus longuement, et nous ne pouvons que vous inciter à lire ce livre. L'édition papier la plus récente est celle du volume 26 Tout Simenon chez Omnibus, et il est sorti l'année passée en version numérique chez le même éditeur. Pour les anglophones, la dernière édition est sortie en février 2016 chez Penguin. 

Murielle Wenger

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