SIMENON-SIMENON: AN EXCLUSIVE INTERVIEW WITH SIMENON
Simenon and Maigret: commentary on extracts from an interview in May 1962
SIMENON-SIMENON: UN'INTERVISTA ESCLUSIVA DI SIMENON
Simenon e Maigret: estratti commentati di un'intervista di maggio 1962
Non,
il ne s'agit pas d'un entretien mené de l'au-delà… Mais j'ai retrouvé,
grâce à la bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, qui, sur
son site http://scriptorium.bcu-lausanne.ch, propose des archives de
journaux suisses, un article de l'hebdomadaire Pour Tous du 1er mai
1962, consacré à Simenon, dans lequel il est interrogé à propos de
Maigret. En effet, ce journal se proposait de faire paraître en
feuilleton le roman Maigret voyage, comme il l'annonçait:
"L'hebdomadaire Pour Tous a fait un effort particulier en s'assurant les
droits de reproduction d'un roman de Georges Simenon. […] Ce qui a
guidé la rédaction dans le choix de cette œuvre, c'est que l'action se
passe en partie en Suisse, à Lausanne, on l'on voit le célèbre
commissaire de la P.J. parisienne enquêter dans un grand palace de
l'endroit, à la recherche de la petite comtesse Paverini, sans craindre
pour autant de boire un coup de blanc du pays, en compagnie du chef de
la Sûreté vaudoise…". Le feuilleton allait paraître chaque semaine, du 8
mai au 17 juillet, soit 11 livraisons, avec à chaque fois une
illustration de Jean Leffel, dessinateur attitré du journal et connu
aussi pour son activité de caricaturiste au Canard enchaîné.
Une
semaine avant que le feuilleton ne débute, le journal proposait donc une
interview de Simenon, dont je vous commente quelques extraits
ci-dessous. Les questions sont nombreuses, mais je me suis focalisée sur
ce qui concerne Maigret.
La première question de la journaliste,
Isabelle Aguet, porte sur les origines de Maigret: elle demande à
Simenon comment son personnage est né dans son imagination. Simenon
raconte alors que lorsqu'il avait
six ans, son grand-père l'emmenait se baigner dans la Meuse, et
qu'ils y retrouvaient des amis de celui-ci: "Parmi eux se trouvait un
commissaire de police, du nom de Saint-Hubert. Il est possible que j'aie
gardé, dans un coin de ma mémoire, le souvenir de ce personnage […].
D'autre part, j'ai été journaliste […] et j'ai commencé, bien entendu,
par «les chiens écrasés», ce qui m'a ouvert des lucarnes sur le monde
des commissariats." Pour l'anecdote, on notera que Saint-Hubert est le
nom d'un commissaire que Maigret connaît bien dans Maigret et les braves
gens…
Une autre question porte sur le patronyme du commissaire,
et la journaliste se demande si c'est par "malice" que le romancier a
doté son massif héros de ce nom qui signifie "maigrelet". Et Simenon de
répondre qu'il avait cru inventer ce patronyme, et qu'il vient de lire,
dans une étude sur Sainte-Beuve, qu'en 1855, celui-ci eut affaire à un
certain commissaire Maigret, qui était alors chef de la Sûreté de Paris…
La journaliste demande ensuite à quoi est dû le succès du
personnage de Maigret. Son créateur répond: "Maigret est avant tout
humain et bon type. C'est un petit bourgeois, comme il y en a des
milliers à Paris et ailleurs. C'est en outre le premier policier
professionnel à être un héros de roman, et un héros plutôt sympathique…
Remarquez qu'il ne juge jamais, il n'est jamais révolté contre ceux
qu'il doit arrêter."
Puis une nouvelle question porte sur le
succès de Maigret en Grande-Bretagne (rappelons que c'est l'époque où
est diffusée la série avec Rupert Davies), et Simenon raconte qu'il a
écrit pour cette série les paroles d'une chanson, mais qu'il ne peut la
faire connaître aux lecteurs du journal, pour des questions de droits
non encore déposés… Heureusement pour nous, Simenon, bien plus tard,
évoquera cette chanson dans une de ses Dictées, et vous pouvez en lire
le texte sur le site de Steve Trussel:
http://www.trussel.com/maig/archive09.htm#bottom...
Une autre
question s'intéresse à la raison qui fait que Simenon continue à écrire
des Maigret, et il répond que c'est "Par sentimentalité. Ecrire un
Maigret, pour moi, c'est rafraîchissant. Je suis devenu écrivain à la
façon d'un artisan, en commençant par les Maigret, parce que je ne me
croyais pas encore capable d'écrire autre chose. Je «sors» en moyenne un
Maigret par an et je ne ferai jamais mourir le commissaire… D'ailleurs,
mes lecteurs seraient capables de m'assassiner ! […] Pour beaucoup de
lecteurs, le commissaire Maigret existe réellement, travaille chaque
jour, Quai des Orfèvres, et il est fréquent que la Police
judiciaire de Paris me fasse suivre ici des lettres qu'on lui a
adressées […]. Je ne sais pas d'ailleurs moi-même jusqu'au dernier jour
qui a tué, car si je le savais, je n'écrirais pas le livre, cela ne
m'intéresserait plus ! J'ignore, quand je commence un roman, ce que
deviendront mes personnages."
Puis Simenon montre encore à la
journaliste la fameuse médaille qu'il a reçue en 1952 lors de sa visite
au Quai des Orfèvres, quelque chose, dit-il, dont il est très fier… Un
témoignage, si besoin en était, de la relation privilégiée qu'il
entretient avec son personnage, et de l'attachement qu'il lui voue…
Murielle Wenger
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