A propos du style de Simenon
SIMENON SIMENON. SCRIVERE COME UN PITTORE
A proposito dello stile di Simenon
SIMENON SIMENON. WRITING LIKE A PAINTER
About Simenon's style
Dans un interview donné à Carvel Collins, Simenon fait un intéressant parallèle entre le travail du peintre et son propre style d'écriture: "une pomme peinte par Cézanne, par exemple, a du poids. En trois coups de pinceau, elle a du jus et tout. J'essayais de donner à mes mots le même poids que Cézanne donnait à une pomme. C'est pourquoi j'emploie presque toujours des mots concrets. [….] je crois que ce que les critiques appellent mon «atmosphère» n'est rien d'autre que l'impressionnisme du peintre adapté à la littérature."
Simenon l'a dit, répété et écrit à de nombreuses reprises: sa façon d'écrire était influencée par la peinture, et il aurait voulu pouvoir décrire des décors, des paysages et des atmosphères comme les peintres, en particulier les impressionnistes, posaient les couleurs sur leurs toiles… Le romancier a toujours été fasciné par la couleur, ses œuvres en témoignent, et cela depuis tout jeune: "quand j'étais enfant, […], pour mon cadeau de Saint-Nicolas, […] je recevais régulièrement, à ma demande, une boîte de peinture. […] Je passais des après-midi entiers, les jours de congé, à peindre, en couleurs idéales". (Dictée De la cave au grenier). N'est-ce pas finalement, ce qu'il a fait dans ses romans ? N'a-t-il pas transposé "cette peinture en couleurs" dans son style ?
"Mon enfance a été surtout marquée par l'impressionnisme et le pointillisme (la peinture la plus gaie, la plus heureuse, où chaque tache de lumière est comme un chant), et j'admets volontiers que mes romans s'en sont ressentis. " (Quand j'étais vieux).
Simenon, qu'une certaine critique aux vues étroites a parfois qualifié un peu facilement de peintre des atmosphères sombres et brumeuses, a aussi su, dans ses romans, peindre la vie en couleurs, et les plus éclatantes de lumière. En voici quelques exemples, où Simenon fait chanter les couleurs, par exemple dans des tableaux impressionnistes de Paris: "Un soleil pourpre se couchait sur Paris et la perspective de la Seine enjambée par le pont-Neuf était barbouillée de rouge, de bleu et d'ocre." (L'écluse no 1); "En fin de matinée, les avenues, les rues de Paris étaient un véritable feu d'artifice dans la chaleur de juillet et on voyait partout des éclaboussures de lumières: il en jaillissait des toits d'ardoises et des tuiles roses, des vitres des fenêtres où chantait le rouge d'un géranium; il en ruisselait des carrosseries multicolores des autos, du bleu, du vert, du jaune" (La patience de Maigret); ou dans cette peinture en carte postale de Porquerolles: "La mer était d'un bleu incroyable, […] et là-bas, à l'horizon, une île s'étalait paresseusement au milieu de la surface irisée, avec des collines très vertes, des rochers rouges et jaunes." (Mon ami Maigret); mais le romancier sait aussi rendre la vibration de la lumière: "Dans son bureau aussi, il retrouvait cette lumière des beaux jours avec, au-dessus de la Seine, une buée qui n'avait pas la densité du brouillard, des milliards de parcelles claires et vivantes particulières à Paris" (Le voleur de Maigret); "Il pleuvait encore, ce matin-là; une pluie douce, morne. On ne la voyait pas tomber; on ne la sentait pas et pourtant elle couvrait tout de laque froide, et il y avait sur la Seine des milliards de petits ronds vivants" (Cécile est morte). Dans L'enterrement de Monsieur Bouvet, ce roman qui aurait presque pu être un Maigret, l'incipit est un véritable hymne à Paris, et en voici un extrait aussi évocateur qu'un tableau de peintre: "Le soleil se répandait, gras et luxuriant, fluide et doré comme une huile, mettant des reflets sur la Seine, sur le pavé mouillé par l'arroseuse, à une lucarne et sur un toit d'ardoise, dans l'île Saint-Louis; une vie sourde, juteuse, émanait de la matière, les ombres étaient violettes comme sur les toiles impressionnistes, les taxis plus rouges sur le pont blanc, et les autobus plus verts."
Quelle plus belle preuve pourrait-on invoquer que Simenon a réussi son "pari" de transformer des images picturales, des sensations, en des textes pleins de poésie…
Murielle Wenger
la pagina iniziale de l enterrem ent de monsieur bouvet è talmente bella e rende cosi viva l immagine che la sua illustrazione è la copertina del libro di disegni le paris de simenon di frederick franck
RispondiEliminaGiustissima osservazione.Pittura, fotografia, cinema. Inevitabile accostare Simenon alle arti visive. La sua è sicuramente una scrittura per immagini ed è per questo che il lettore finisce con il percepire le famose atmosfere; addirittura suoni ed odori. Adesso mi rendo conto dell'importanza che rivestono anche i colori, nelle sue pagine!
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