sabato 7 gennaio 2017

SIMENON SIMENON. MAYOMI, UNE NOUVELLE JOSEPHINE ?

Une anecdote à propos de la pièce de théâtre Quartier nègre 

SIMENON SIMENON. MAYOMI, UNA NUOVA JOSEPHINE ? 
Un aneddoto a proposito dell'opera teatrale Quartier nègre 
SIMENON SIMENON. MAYOMI, A NEW JOSEPHINE? 
An anecdote about the play Quartier nègre 



En juin 1935au retour de son voyage autour du monde, Simenon écrit un roman inspiré par ses récentes découvertes, Quartier Nègre, dont l'histoire se déroule à Panama. Ce texte connaîtra plusieurs adaptations théâtrales, la première faisant l'objet de représentations en décembre 1936 au Théâtre royal des galeries Saint-Hubert à Bruxelles. Dans ses Mémoires intimes, Simenon raconte que c'est au Fouquet's qu'il croise un soir Lucien Fonson, le directeur de ce théâtre, et après une nuit de beuverie, conclut avec lui un contrat par lequel il s'engage à lui écrire une adaptation de Quartier nègre. Comme souvent chez le mémorialiste, les faits ne sont pas exactement ceux-là, et il semble bien que Simenon avait déjà écrit cette adaptation avant la rencontre au Fouquet's… 
Quoi qu'il en soit, la machine est en marche: Jean-Pierre Aumont est engagé pour jouer le rôle principal, et il faut trouver quelqu'un pour interpréter le rôle de la jeune noire Véronique. Le journal Paris-Soir, dans son édition du 17 novembre 1936, à la rubrique "bruits de coulisse", annonce l'engagement d'Aumont, et ajoute: "pour créer un rôle important dans cette même pièce, M. Georges Simenon cherche une jeune et belle jeune fille noire de 16 ans environ, débutante si possible. Ecrire à Georges Simenon, Paris-Soir. 
A la fin novembre, Simenon se rend à Bruxelles pour les répétitions de la pièce. A la même époque, une troupe de chanteurs noirs se trouve dans la ville, et cela donne au romancier l'idée de l'employer, en particulier pour une scène de baptême. Simenon écrit deux chansons, l'une intitulée Panama Canal, et l'autre un negro spiritual. Le texte sera en anglais, mais comme les connaissances de Simenon dans cette langue sont encore, à l'époque, et de son aveu même, "plus que rudimentaires", il demande à l'ambassade des Etats-Unis à Bruxelles si on ne pourrait pas mettre à sa disposition une de leurs collaboratrices. Ce qui est fait. On trouve le texte de ces deux chansons dans la dictée "A l'abri de notre arbre".  
A côté des décors, il s'agit aussi de trouver des figurants, à la peau noire comme l'exige l'intrigue. On va les chercher dans les quartiers pauvres de Bruxelles et d'Anvers. Mais c'est à Paris que Simenon a trouvé l'interprète de Véronique. Elle s'appelle Mayomi, elle a seize ans, et elle va faire fantasmer le romancier et toute la critique de presse à l'issue des représentations… Une "déesse sombre, l'adorable démon de la déchéance", écrit l'envoyé spécial du journal Comoediaun certain George Sinclair dans l'édition du 10 décembre, au lendemain de la générale. Le même Sinclair récidive le 12 décembre: "elle fut charmante, vibrante, heureuse en ses attitudes et parfaite en sa diction". Simenon, lui, déclare aux journalistes: "C'est la plus belle gamine de couleur que j'aie jamais vue."  
Michel Lemoine et Michel Carly, dans leur ouvrage Les chemins belges de Simenon, posent la question: "Mayomi fait-elle partie du jardin secret de Simenon ? A plus de dix ans de distance, retrouve-t-il la beauté de Joséphine Baker ?" Les deux essayistes évoquent aussi une anecdote, que l'on retrouve également dans le livre de Michel Carly et Christian Libens, La Belgique de Simenon: lorsque le journaliste d'un quotidien belge vient interviewer Simenon au Résidence-Palace de Bruxelles, où le romancier s'est installé pour suivre les répétitions de la pièce, il le rencontre dans son salon, devant un bureau sur lequel s'entassent dossiers, livres et photographies. Quelles photographies ? Celles d'une "fille d'ébène"… Mayomi, bien sûr… Et nos biographes d'expliquer qu'ils ont retrouvé, dans les archives personnelles de Simenon, un "jeu de photos de Mayomi dans le plus simple appareil", où, selon le texte de Lemoine et Carly, "la pose est souvent aguichante, la lumière s'attarde sur la peau noire et huilée"… Alors oui, peut-être bien que Simenon a retrouvé en Mayomi le souvenir de sa "Vénus noire", de sa Joséphine. S'est-il passé quelque chose de plus intime entre Mayomi et Georges ? Comme l'écrivent si bien Carly et Lemoine, cela fait partie du jardin secret du romancier… 

Murielle Wenger

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