martedì 21 novembre 2017

SIMENON SIMENON. UN VOLEUR AU CINEMA

En marge du roman "Le voleur de Maigret", quelques réflexions sur les rapports de Simenon avec le cinéma 

SIMENON SIMENON. UN LADRO AL CINEMA 
In margine a "Il ladro di Maigret", alcune riflessioni sulle relazioni tra Simenon e il cinema 
SIMENON SIMENON. A PICKPOCKET AT THE MOVIES 
In the margin of Maigret's Pickpocket, some reflections on Simenon's relationship with the cinema  
Les rapports de Simenon avec le cinéma ont toujours été assez complexes. Dès sa jeunesse, il a aimé fréquenter les salles obscures, où il découvrait avec bonheur les films de Jean Renoir ou René Clair. A l'instar de son commissaire, il aimait aussi l'ambiance des salles populaires. Il suffit de rapprocher cette citation extraite de Maigret, Lognon et les gangsters: "Plus le cinéma était populaire, avec une atmosphère épaisse, des gens qui riaient aux bons moments, mangeaient des chocolats glacés ou des cacahuètes, des amoureux enlacés, plus il était content.", de que Simenon disait de lui-même dans sa dictée Destinées: "Ce qui m'attirait, c'était la foule qui réagissait admirablement à toutes les petites astuces des auteurs. J'aimais aussi ce coude à coude avec un petit peuple dont je me sentais solidaire". 
Le cinéma a été aussi, dans sa carrière de romancier, un élément important, puisque c'est grâce aux droits perçus pour les adaptations de ses romans qu'il a pu engranger de solides rentrées financières. S'il a connu quelques amitiés via le cinéma (des acteurs comme Raimu, Jean Gabin ou Michel Simon, des réalisateurs comme Renoir ou Fellini), il a aussi fait de mauvaises expériences, quand il a découvert l'envers du décor, lors de ses déboires avec les producteurs, et quand il a voulu se lancer dans l'adaptation scénaristique de ses propres romans.  
Et puis, il y a toujours, pour un romancier, une ambiguïté de sentiment chez celui qui voit ses textes adaptés pour le petit ou le grand écran: s'il peut se sentir flatté qu'on s'intéresse à son œuvre au point de vouloir s'en emparer pour en faire un film, en même temps comment ne pourrait-il pas éprouver un sentiment de trahison, parce que la meilleure adaptation ne restituera jamais complètement l'atmosphère d'un roman, et a fortiori, elle ne pourra jamais totalement refléter le personnage, le lieu, l'ambiance tels que le romancier les a imaginés au moment où il écrivait. Une fois ce point admis, Simenon prit la décision de "demander désormais au cinéma l'équivalent pécuniaire de ce que me donnait la publication de mes romans en feuilleton", comme il l'écrivait à Gaston Gallimard, il ne se mêla plus – à quelques exceptions près – des adaptations de ses œuvres, si ce n'est la négociation des contrats. Il affirma à plusieurs reprises qu'il n'allait jamais voir les films adaptés de ses romans, mais on sait que cela ne correspond pas tout à fait à la réalité… 
Ce qui ne l'empêcha pas d'ailleurs d'accepter la présidence du festival de Cannes, et s'il garda une dent contre le cinéma, c'est surtout contre tous ceux qui, selon lui, n'y voyaient qu'une manière de faire de l'argent. Il en profita pour insérer, dans certains de ses romans, des personnages de producteurs, dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne font pas figure reluisante… On peut évoquer ici Bronsky, dans Maigret et son mort, dont Simenon se délecte à faire le chef de la bande des tueurs Tchèques, mais surtout les personnages du roman Le voleur de Maigret, tous aussi falots et veules les uns que les autres… Aura-t-on remarqué que ce roman a été écrit en novembre 1966, soit deux mois après l'inauguration de la statue de Maigret à Delfzijl, au cours de laquelle Simenon avait eu l'occasion de rencontrer quelques-uns des interprètes de son commissaire ?... A la même période, avait lieu le tournage, en partie à Lausanne, du film Maigret fait mouche (voir notre billet du 1°octobre 2016), avec Heinz Rühmann dans le rôle titre. A notre connaissance, Simenon ne s'est pas exprimé publiquement sur ce film, et sur l'interprétation de l'acteur, mais gageons que, même s'il avait eu l'occasion d'en parler avec celui-ci, puisque Rühmann était aussi du voyage à Delfzijl, et qu'à cette occasion il ait pu dire qu'il appréciait ce choix, cela dut être une déclaration toute diplomatique… En effet, on sait que Simenon, à chaque nouvel acteur qui se glissait dans la peau de Maigret, commençait par l'encenser, puis, dans des déclarations ultérieures, revenait sur ses déclarations… Il n'est pas exclu d'ailleurs que Simenon ait eu quelques échos du tournage du film à Lausanne, et, dans tous les cas, on ne peut que noter cette coïncidence (si c'est en une…) qui fait que l'e romancier rédige à cette période cette charge au vitriol contre le cinéma qu'est Le voleur de Maigret 

Murielle Wenger 

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