sabato 24 febbraio 2018

SIMENON SIMENON. MENER DES PERSONNAGES AU BOUT DE LEUR DESTIN

Quelques considérations à propos de la rédaction de "La patience de Maigret" 

SIMENON SIMENON. PORTARE DEI PERSONAGGI IN FONDO AL LORO DESTINO 
Alcune considerazioni sulla scrittura di "La pazienza di Maigret" 
SIMENON SIMENON. LEADING CHARACTERS TO FULFILL THEIR DESTINY 
Some thoughts about the writing of "The Patience of Maigret"
On a souvent comparé Simenon à Balzac. Comparaison justifiée dans un certain sens, si l'on songe que chacun des deux romanciers a dressé le portrait d'une société à une époque donnée, et que l'ensemble de chacune de leurs œuvres forme un univers. Balzac eut très tôt la vision de son œuvre comme un ensemble délibérément construit (d'où le titre qu'il lui donnaLa Comédie humaine), tandis que Simenon finit par répondre un jour à Carvel Collins"Je n'écrirai jamais un gros roman. Mon gros roman est la mosaïque de tous mes petits romans." 
Cependant, sur bien des points leurs œuvres diffèrent, et en particulier sur l'utilisation des personnages. Balzac fait revenir plusieurs de ses protagonistes d'un roman à l'autre, les montrant à différentes époques de leur vie. Simenon, lui, se met dans la peau d'une de ses créatures, et la suit jusqu'au bout de son destin. Une fois le roman terminé, il ne peut pas recommencer la même expérience avec le même personnage.  
André Parinaud qui l'avait interrogé sur ce qui se passerait s'il devait interrompre l'écriture d'un roman pour cause de maladie, Simenon avait répondu qu'il jetterait le manuscrit au panier et ne reprendrait pas le sujet. Parinaud lui ayant demandé aussi s'il n'aurait pas pu reprendre les personnages, le romancier répliqua: "Non. Comment voudriez-vous reprendre, recommencer à vivre ce que vous avez déjà vécu? C'est impossible. Pour moi, inimaginable, étant donné ma façon de travailler."  
D'après ces réponses, on pourrait en déduire qu'on ne trouve jamais, dans l'ensemble des romans de Simenon, des personnages qui reviendraient d'un roman à l'autre. C'est en principe vrai, mais il existe quelques exceptions. L'une des plus connues est celle du personnage d'Oscar Donadieu, fils de l'armateur Donadieu, dont la mort est à la base de la trame du roman Le testament Donadieu. On retrouve le jeune Donadieu en héros du roman Touriste de bananes. 
Pour ce qui est de la saga maigretienne, il est évident que certains personnages reviennent d'un roman à l'autre, la formule policière autorisant le procédé. Outre Maigret et sa femme, on retrouve les collaborateurs du commissaire, mais aussi son ami le Dr Pardon. Les autres personnages n'apparaissent que dans un seul roman, dans lequel, à l'instar des protagonistes des "romans durs", leur destin est scellé. Cependant, quelques rares personnages reviennent dans un autre roman. C'est le cas pour Julien Chabot, l'ami à qui Maigret vient rendre visite à Fontenay-le-Comte dans Maigret a peur, et auquel il téléphone pour avoir quelques renseignements dans Maigret chez le ministre. 
Deux autres personnages ont droit à une seconde apparition: il s'agit de Manuel Palmari et Aline Bauche, qu'on découvre pour la première fois dans Maigret se défend, et qu'on retrouve dans le roman suivant, La patience de Maigret, roman qui forme un diptyque avec le précédent, cas unique dans la saga. Lorsque Simenon écrit la dernière ligne de Maigret se défend, et que le commissaire y a conclu l'affaire Mélan, il reste cependant une inconnue sur le destin de Palmari et d'Aline, car l'enquête de Maigret à leur propos n'est pas terminée. Le lecteur pouvait donc s'attendre à ce que le romancier reprenne quelques éléments de cette intrigue, mais sans en être assuré, car ce n'aurait pas été la première fois qu'un roman de la saga se conclue sur une ouverture et un "non-achèvement" de l'intrigue. Rien ne prouvait donc que le prochain roman de la saga aurait quelque chose à voir avec Maigret se défend 
Et pourtant ce fut bien le cas… La patience de Maigret, outre d'être une suite à Maigret se défend, a aussi une histoire particulière dans la bibliographie simenonienne. En effet, Simenon dut interrompre la rédaction de ce roman pour cause de grippe. Or, contrairement à ce qui se passait d'habitude, il n'abandonna pas son texte, ni ne le jeta au panier. Cette fois, malgré une interruption qui dura une semaine entière, il parvint à retrouver le fil de son histoire et de ses personnages. Certes, il était sans doute plus facile de renouer les fils d'une intrigue policière que de se remettre dans la peau d'un personnage de roman dur, mais le fait mérite tout de même d'être souligné. Il est d'ailleurs possible que ces deux personnages de Palmari et d'Aline étaient suffisamment forts pour que le romancier ait eu envie de les mener eux aussi au bout de leur destin 

Murielle Wenger 

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