sabato 25 giugno 2016

SIMENON SIMENON. L'ENIGME PICPUS

Questions à propos de la rédaction du roman Signé Picpus


SIMENON SIMENON. L'ENIGMA PICPUS
Domande a proposito della redazione del romanzo Firmato Picpus

SIMENON SIMENON. THE PICPUS ENIGMA
Questions about the writing of the novel Signed, Picpus 
Ce qu'il y a de fascinant, pour le chercheur simenonien, parmi tant de choses, ce sont les "petits mystères" qui restent encore non éclaircis, dans la bio-bibliographie du romancier. Une œuvre aussi prolifique dans une vie aussi remplie fait qu'il y a encore bien des détails qui n'ont pas été vérifiés. C'est en particulier le cas pour les romans écrits avant les années 1950, dont, on le sait, l'auteur n'avait pas établi une datation scrupuleuse. Plusieurs simenologues ont tenté d'établir une chronologie de rédaction, mais il reste, encore aujourd'hui, des énigmes non résolues. Claude Menguy et Pierre Deligny, les premiers, s'étaient attelés à la tâche, et leur "chronologie rédactionnelle", publiée dans les Cahiers des Amis de Simenon en 1996, reste encore une base de travail, même si, depuis, les travaux de Michel Lemoine et Michel Carly ont pu apporter nombre de corrections. La date et le lieu de rédaction des romans parus chez Fayard (sans parler des œuvres sous patronymes, pour lesquelles les incertitudes sont encore plus grandes…) et chez Gallimard sont difficiles à établir, car les manuscrits de ces romans ont disparu, détruits par l'auteur lui-même ou vendus à certaines occasions. Les autres documents sur lesquels s'appuyer ne sont pas toujours fiables, car certaines listes ont été établies "après coup", Simenon se fiant à sa mémoire, qui, on le sait, ne s'occupait pas beaucoup de datation, et il lui arrivait souvent de faire des confusions entre les mois et les années, comme il l'avouait lui-même dans ses Dictées, ou dans la correspondance qu'il échangeait avec Menguy et Deligny.
Nous aimerions vous présenter aujourd'hui un exemple de ces énigmes rédactionnelles pour lesquelles il y aurait encore une enquête à mener. La date finale de rédaction du roman Signé Picpus est soit l'été 1941, d'après la liste secrétariale de Simenon, dont on sait, dixit Menguy, qu'elle n'est pas fiable jusqu'à la fin de la guerre; soit juin 1941, d'après le livre de comptes (un registre constitué d'une liste de romans et des sommes perçues pour ceux-ci), qui comporte lui aussi des erreurs.
Il revient à Michel Carly d'avoir le premier retrouvé une information fort intéressante sur ce roman, et dont il fait part dans son livre Simenon, les années secrètes: le 18 novembre 1941, les lecteurs du journal Paris-Soir découvraient en première page un encart, dans lequel on leur proposait de collaborer au prochain roman de Simenon, dont on connaissait déjà le titre: Signé Picpus ou La grande colère de Maigret. Le journal allait présenter, du 21 au 26 novembre, trente personnages, parmi lesquels les lecteurs devraient choisir quinze protagonistes pour le futur roman. Le 28 novembre, ils pouvaient remplir un bulletin de vote, et dès le 5 décembre paraissait la liste des personnages choisis. Le 11 décembre, le feuilleton commençait… Quand on voit la liste, on se rend compte que Simenon s'était, bien entendu, réservé le droit de quelques adaptations…
Faut-il imaginer que Simenon a vraiment attendu ce choix des lecteurs pour commencer son roman ? Même en connaissant la rapidité avec lequel il travaillait, on conserve quelques doutes… et on peut se demander si Peter Foord (http://www.trussel.com/maig/momsig.htm) n'avait pas raison, en affirmant que le journal avait déjà, en lançant le concours, le manuscrit en sa possession, et que cette "collaboration" des lecteurs n'était en fait qu'une opération publicitaire… A moins, autre hypothèse, que Simenon ait déjà eu au moins une trame en tête à cette date, et qu'il ait terminé son texte en fonction du résultat du vote des lecteurs…
Quoi qu'il en soit, si la rédaction a eu lieu en juin, c'est forcément dans la deuxième moitié du mois, car, en date du 12 juin, le romancier était en train d'écrire l'avant-dernier chapitre de Je me souviens (première mouture de Pedigree), et on voit mal Simenon mener de front cette rédaction de souvenirs et un roman au ton aussi léger que celui de Signé Picpus… D'autre part, en date du 14 juin, les journaux annonçaient l'attribution du Prix Mérimée (récompensant l'auteur d'une nouvelle), et Simenon avait fait partie du jury. On est en droit d'imaginer qu'il s'est rendu à Paris autour de cette date, pour les délibérations et peut-être la cérémonie de remise du prix. D'un autre côté, si la rédaction a vraiment en lieu seulement en novembre,
il est difficile de croire que celle-ci ait entièrement été faite à cette période: en effet, en décembre 1941, Simenon achevait la première partie de Pedigree, ce qui veut dire qu'il y travaillait déjà bien avant (Gide, dans une lettre de septembre, évoquait déjà cette œuvre), et, là aussi, on voit mal le romancier s'atteler à son œuvre "matricielle" en même temps qu'il complète Signé Picpus…
Alors, que déduire de tout cela ? En l'absence du manuscrit, lui aussi disparu, ou, plus exactement, vendu, selon la formule, "aux enchères au profit des prisonniers de guerre, à l'initiative de l'auteur en 1943", et à moins que son acquéreur se manifeste un jour, il sera difficile de savoir ce qu'il en est réellement, sauf si on retrouvait, dans quelque recoin d'archives, une information plus précise (telle une lettre inédite, par exemple). A notre connaissance, il existerait, au Fonds Simenon, une de ces fameuses "enveloppes jaunes" à propos de Signé Picpus. Il faudrait pouvoir la consulter pour voir si les informations qui y figurent recoupent celles de Paris-Soir, et si quelque chose permet d'en faire la datation. L'enquête continue… 


Murielle Wenger

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