mercoledì 26 ottobre 2016

SIMENON SIMENON. SIMENON ET LES INTERVIEWS: ECOEUREMENT OU NECESSITÉ ?

Quelques réflexions sur les raisons pour lesquelles Simenon a donné beaucoup d'interviews 

SIMENON SIMENON. SIMENON E LE INTERVISTE: NAUSEA O NECESSITÀ ? 
Qualche riflessione sul perchè Simenon ha concesso molte interviste 
SIMENON SIMENON. SIMENON AND INTERVIEWS: DISGUST OR NECESSITY? 
Some reflections on the reasons why Simenon gave many interviews


Octobre 1971. Simenon vient de terminer son roman Les innocents (il ne le sait pas encore, mais ce sera son dernier "roman dur"…), et il reçoit la visite du journaliste André Blanchoud, qui vient l'interviewer pour le journal suisse L'Illustré. Une fois de plus, le romancier se plie au jeu des questions-réponses, et détaille sa "méthode" d'écriture: le panneau "do not disturb", les annuaires téléphoniques, l'enveloppe jaune sur laquelle il note les coordonnées de ses personnages et le plan de leur demeure, la recherche d'un titre pour le roman, le romancier qui se met dans la peau de son personnage, la frappe sur la machine à écrire pendant deux heures et demie, au bout desquelles il est en nage… bref, comme le dit un intertitre de l'article, un "mécanisme parfait", qui doit permettre au travail de création de s'accomplir… Ce genre d'interview, Simenon en a donné des dizaines et des dizaines, et pourrait-on dire jusqu'à l'écoeurement ?  
Comme il le notait une dizaine d'années plus tôt dans un cahier de Quand j'étais vieux: "Tous les trois ou quatre mois, nous ouvrons ainsi la porte aux journalistes, en série. Ce sont presque toujours des gens sympathiques, intelligents à première vue, et peut-être le sont-ils réellement. Qu'ils viennent de Finlande, d'Allemagne ou d'Italie, ils ont l'air d'essayer de comprendre. Ils écoutent, prennent des notes, affirment qu'ils feront "différent", qu'ils feront "vrai". […] La légende a été établie, une fois pour toutes, et quoi que je fasse, quoi que je dise à ceux qui m'interviewent, c'est cette légende qu'ils publieront. Peu importe ce que je leur ai raconté […]. Peu importent les documents que je leur ai montrés. Peu importe qu'ils aient juré de faire vrai […]. L'article sera le même, les photos aussi, avec les mêmes erreurs. Car ils estropient […] les titres des romans cités. Et, s'il est question de chiffres, ils les multiplieront par cinq, par dix, quand ce n'est pas par cent. […] Pourquoi les recevons-nous […] ? Pas pour des raisons publicitaires, car ces articles, toujours faux, risquent de fatiguer le lecteur et même, petit à petit, de le hérisser contre un auteur. Par vanité encore moins. Il ne m'est pas désagréable de m'expliquer en présence d'un homme qui cherche à comprendre et dont l'opinion m'importe. Ce n'est pas le cas de quatre-vingt-dix-neuf pour cent des journalistes, surtout des rédacteurs de magazines. S'il s'agit d'un débutant, ou d'un free-lance pour qui cet article peut avoir de l'importance, il est certain que je me souviens de mes débuts et que je m'efforce de lui donner sa chance. Mais pour les autres, pleins de suffisance, qui croient tout savoir […] ? A chaque fois, j'ai pourtant un espoir. Celui de rectifier enfin les légendes, de détruire les mythes exaspérants, d'en finir avec les contre-vérités habituelles. Il n'en est rien. Je réponds aux questions, toujours les mêmes. Et je finis par m'écoeurer. […] Et si, comme les lecteurs de magazine, j'étais victime de la légende ? Si je m'étais mis à y croire à force de la lire, imprimée ?"  
On notera combien ces réflexions valent leur pesant d'ambigu. Comme le disait Pierre Assouline, Simenon est en partie responsable de la légende qui s'est créée autour de lui, et il n'a jamais tenté de lui échapper vraiment. Les innombrables interviews qu'il a données, si elles lui étaient peut-être une corvée, il ne s'y est pas soustrait. Et même, pour cette interview que nous mentionnions au début de ce billet, on peut se poser la question: en 1971, Simenon n'a plus rien à prouver, on sait qu'il est un grand romancier, qu'il a écrit des chefs-d'œuvre, et que la reconnaissance des instances littéraires est en marche… Alors pourquoi continuer à "s'exhiber", à se laisser photographier, à raconter une fois de plus comment il travaille ? Est-ce un besoin de se rassurer ? De se prouver quelque chose à lui-même ? A force d'expliciter le mécanisme de sa création, celui-ci ne va-t-il pas finir par se gripper ? A peine une année après cette interview, Simenon se met à nouveau à sa table de travail, et cette fois, le miracle ne jouera plus: il a beau empoigner ses outils, son enveloppe jaune, rien ne jaillit, impossible de se mettre dans la peau d'un autre… Le Simenon romancier va céder la place au mémorialiste, il ne va pas tarder à empoigner un micro, et, paradoxalement (mais est-ce si paradoxal que cela ?), il va continuer à donner des interviews, pour parler encore de son œuvre, et, encore plus qu'auparavant, de lui-même, comme si se raconter lui était devenu tout aussi indispensable pour exister… 

Murielle Wenger

1 commento:

  1. a mio avviso una delle più interessanti interviste concesse da simenon è quella rilasciataa a Maurice Monnoyer nel 1978 per il periodico belga Nord Eclair e raccolta in volume nel 1989 sotto il titolo trois heures avec simnenon

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