A propos du film "Maigret fait mouche", avec Heinz Rühmann dans le rôle de Maigret
SIMENON SIMENON. UN CASO PIÙ CHE DIFFICILE PER MAIGRET…
Si tratta del film "Il caso difficile del commissario Maigret", con Heinz Rühmann nei panni di Maigret
SIMENON SIMENON. A MAIGRET THAT DOESN’T HIT THE BULLSEYE...
On the film Maigret und sein grösster Fall, aka Enter Inspector Maigret, with Heinz Rühmann in the part of Maigret
Comme on le sait, la fortune du commissaire à la pipe a été fort diverse sur le grand écran: quelques interprétations mémorables, comme celles de Pierre Renoir ou de Jean Gabin, et bien des échecs, parmi lesquels on peut probablement compter l'interprétation de Heinz Rühmann, dans le film de 1966 Maigret und sein grösster Fall, sorti sous le titre français Maigret fait mouche. N'ayant personnellement pas vu ce film, je ne me hasarderai pas à en faire une critique, mais je me référerai aux renseignements que j'ai trouvés çà et là sur le net.
Ce film fut entaché dès ses débuts par une polémique: en effet, au moment où on décida de tourner une nouvelle adaptation d'une enquête de Maigret, il s'agissait de trouver un interprète crédible pour le commissaire. La société productrice viennoise, Intercontinental-Filmgesellschaft, se tourna naturellement vers l'acteur qui avait fait les beaux jours de la BBC au début des années '60, et qui, en 1965, était devenu célèbre sur les chaînes allemandes: Rupert Davies. Un contrat fut signé, dans lequel l'acteur avait un droit de veto sur le scénario et le réalisateur. Et Davies allait s'empresser d'user de ce droit. D'abord, il proposa un réalisateur, que la production accepta. Mais Davies apprit – par le journal – que c'était un autre qui avait finalement été choisi, Alfred Weidemann. Davies envoya alors un télégramme à Vienne, dans lequel il disait qu'il avait besoin de réfléchir sur sa participation au projet. Et il finit par renoncer, après avoir lu le scénario. En effet, celui-ci se voulait une adaptation de La danseuse du Gai-Moulin, mais Davies était d'avis que la trame du film s'éloignait beaucoup trop du roman. Et on ne peut pas lui donner vraiment tort, lorsqu'on lit le script du film, dont voici un résumé:
Un tableau de Van Gogh a été volé dans un musée parisien, et lors de l'effraction, un gardien a été tué. Le lendemain du crime, Maigret reçoit la visite d'un collectionneur nommé Holoway, qui prétend qu'on lui a proposé le tableau volé. Il a refusé, et maintenant il craint pour sa vie. Maigret ne le croit pas, et lorsque Holoway part pour Lausanne, le commissaire le prend en filature. A Lausanne, Maigret se rend au cabaret du Moulin-Bleu, où il observe deux jeunes gens amoureux d'une entraîneuse. Holoway se fait tuer, et Maigret va déposer son cadavre dans un parc de la ville. Maigret finira par retrouver au Moulin-Bleu le tableau volé, ainsi que l'auteur du vol, et il découvrira aussi qui est l'assassin de Holoway…
On reconnaît bien quelques éléments de La danseuse du Gai-Moulin, mais il s'agit d'une
adaptation plus que libre… Comme le disait Rupert Davies: le titre du roman en allemand était Maigret und der Spion ("Maigret et l'espion"), et l'espion avait disparu du scénario… S'ensuivit une querelle juridique entre Davies et la société de production, chacun réclamant des dédommagements. On faillit arriver à un compromis, Davies étant prêt à accepter que le réalisateur soit l'assistant de Weidemann, mais le producteur campa sur ses positions: ce serait Weidemann ou rien. Davies refusa, et le producteur confia alors le rôle à Heinz Rühmann, un acteur allemand très connu à l'époque. Le tournage put commencer, et, en septembre 1966, les caméras viennoises s'installaient au cœur de Lausanne: le restaurant la Grappe-d'Or se déguisait en Moulin-Bleu, et on tournait des scènes dans les vestiaires de la plage de Bellerive. Le film sortit en novembre 1966 en Allemagne, en juillet 1967 en Italie, en juin 1968 en France, et en décembre 1968 en Suisse. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne rencontra pas un succès phénoménal: si quelques critiques reconnaissaient certaines qualités au film et à l'interprète, dans l'ensemble, le ton était plutôt négatif, comme celui du journal allemand Der Spiegel, en décembre 1966: "L'imperméable est repassé, le veston tombe bien. Maigret […] est devenu allemand. […] L'auteur du scénario a transformé l'espion grec en collectionneur anglais, imaginé de nouveaux personnages: un suspect musicien adonné à la drogue, et un collègue comique du commissaire. Le réalisateur a pris de la distance avec Simenon: le film détourne le réalisme dur du Milieu qu'on trouve dans le polar classique, et en fait une peinture pittoresque et glamour. Pour partir à la recherche du meurtrier, Rühmann a pris une pipe et une option lisse de sous-jouer. Le "grand et gros" Maigret de Simenon a maigri pour devenir un "Maigretchen", "maigrelet"… ". Les journaux suisses, eux, s'amusaient plutôt du côté anecdotique: "le choix de Heinz Rühmann étonne: cet ancien comique s'est alourdi, mais il a conservé une vivacité qui réapparaît même lorsqu'il freine son jeu; il ne parvient guère à rendre présente la rumination intellectuelle de Maigret; il a beau […] boire de la bière et bourrer consciencieusement sa pipe: il reste léger […]. Pour nous, l'intrigue se double […] d'un intérêt souriant qui consiste à replacer les lieux réels dans la géographie imaginaire de l'action narrée […]. Les Vaudois prendront plaisir à s'entendre parler avec l'accent belge, à se voir mangeant des moules dans la rue comme à Bruxelles" (Tribune de Lausanne, décembre 1968).
En conclusion, le film avait plutôt raté sa cible, et il n'est peut-être pas très étonnant qu'il ait pratiquement disparu dans les oubliettes cinéphiliques, ne laissant pas un souvenir impérissable aux simenoniens, qui sont, encore aujourd'hui, soit restés sur leur position (Renoir, Michel Simon, ou Gabin), soit encore à la recherche de l'interprète idéal de Maigret au cinéma…
Murielle Wenger
a me non era dispiaciuto questo film che era passato su tv2000,la sceneggiatura era di herbert reinecker
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