sabato 27 gennaio 2018

SIMENON SIMENON. LES FIGURES TUTELAIRES DE MAIGRET /2

Le thème de la paternité dans les Maigretle commissaire à la recherche du père  

SIMENON SIMENON. LE FIGURE TUTELARE DI MAIGRET /2 
Il tema della paternità nei Maigret: il commssario a la ricerca del padre 
SIMENON SIMENONMAIGRET'S TUTELARY FIGURES /2 
The paternity theme in the Maigretsthe Chief Inspector looking for the father 


Dans le premier billet consacré à ce thème, nous avons parlé d'Evariste Maigret, père du commissaire. Nous allons aujourd'hui évoquer d'autres figures tutélaires. La relation que Maigret a entretenue avec son père était à la fois proche et lointaine; proche parce que pleine de respect de la part du fils ("s'il y avait une chose qu'il ne permettait pas, c'est qu'on touche à la mémoire de son père" in L'ami d'enfance de Maigret), mais lointaine parce que, comme l'écrit le commissaire dans ses Mémoires, ce père s'était renfermé sur lui-même après la mort de sa femme, et s'il l'aimait et le respectait, il n'essayait plus de le comprendre. Ceci, ajouté à la mort précoce de son père, a fait que très vite, Maigret a cherché des figures tutélaires substitutives. On aurait pu imaginer qu'une première de ces figures tutélaires fût celle du comte de Saint-Fiacre. Cependant, ce personnage n'est quasiment jamais évoqué, à peine par quelques petites allusions dans L'affaire Saint-Fiacre, où la figure de la comtesse prend davantage de place (c'est aussi le souvenir de celle-ci qu'on retrouvera dans plusieurs romans de la saga). Il faut donc chercher ailleurs, et c'est dans une figure de policier que Maigret va trouver ce substitut de paternité. Ce qui, finalement, n'a rien de très étonnant, étant donné que c'est dans son métier que Maigret s'est véritablement réalisé… Voici d'abord l'inspecteur Jacquemain (Les mémoires de Maigret), en qui Maigret trouve une certaine ressemblance avec son père, et qui sert de "figure annonciatrice", sa fonction étant essentiellement l'introduction du jeune Maigret dans le monde de la police. Car, en réalité, la véritable figure tutélaire qui l'attend, c'est celle de Xavier Guichard, dont Simenon a pris soin, comme nous l'avons vu dans notre billet précédent, de faire un ami du père de Maigret. La transition était donc toute trouvée…  
Guichard, sur qui Maigret a "reporté un peu de la vénération qu'il vouait à son père" suit donc le jeune policier "de loin, ou plutôt de haut", le change sans cesse de service pour "lui donner plus vite l'expérience de tous les rouages de la police" (voir La première enquête de Maigret). C'est Guichard qui fait entrer Maigret au Quai des Orfèvres, et il n'est pas anodin qu'à la fin de ce roman, Simenon mette, dans la bouche du jeune inspecteur promu à la PJ, ces mots à propos de Guichard: "le grand patron […] c'est un père… C'est un père, comprends-tu…". On retrouve Guichard dans Les mémoires de Maigret, où le commissaire rappelle une fois encore que le chef de la PJ a été un ami de son père, qu'il le connaissait depuis l'enfance, et, naturellement, c'est aussi Guichard qui promeut Maigret à la brigade des homicides… Le romancier pousse même, dans ce roman, jusqu'à faire de Guichard celui qui a introduit "le jeune Sim" auprès de Maigret. Une sorte de clin d'œil de la part de Simenon, qui, on se le rappelle, fut effectivement appelé par Guichard, après la parution des premiers romans de la série Fayard, pour lui faire découvrir les rouages de la police et lui présenter, entre autres, le commissaire Guillaume…  
Nous terminerons ce billet par une remarque que nous trouvons intéressante à propos de Maigret et du thème de la paternité. Si Simenon a fait de Maigret un homme sans enfant, c'est, dit-il, parce qu'au temps où il a imaginé le personnage, il n'était pas père lui-même, et n'aurait pas su comment décrire cette situation de paternité. C'est une interprétation, mais on peut en imaginer d'autres.  
On se souvient en effet de ce que Simenon disait à André Parinaud, à savoir que Maigret a quelque chose de Désiré dans sa personnalité. Maigret est donc lui-même une figure de paternité, et si le romancier ne lui a pas permis d'avoir lui-même des enfants (provoquant en lui cette "nostalgie de la paternité" qu'on trouve évoquée à maintes reprises dans la saga), n'est-ce pas plutôt parce que cela permet au commissaire, d'une part d'avoir autour de lui une équipe de collaborateurs avec lesquels il tisse des liens très forts (n'appelle-t-il pas ses inspecteurs "mes enfants" ?), et d'autre part, grâce à cette nostalgie de la paternité, de pouvoir exercer sa mansuétude envers ces jeunes délinquants fourvoyés, tentant, dans son rôle de raccommodeur de destinées, de les remettre dans le droit chemin en leur offrant une seconde chance, et devenant par là, à son tour, une figure tutélaire de paternité… 

Murielle Wenger 

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