A propos de la visite de Simenon au Quai des Orfèvres en 1952
SIMENON SIMENON. L'IMPATTO DEL TRIONFO
A proposito della visita da Simenon al Quai des Orfèvres nel 1952
SIMENON SIMENON. THE IMPACT OF TRIUMPH
About Simenon's visit at Quai des Orfèvres in 1952
"Un grand déjeuner officiel à la Préfecture de police. Turbot Dugléré et canard à l'orange. […] Le préfet de police, entouré des commissaires divisionnaires du Quai des Orfèvres, m'offre solennellement une plaque en argent de commissaire au nom de Maigret."
Ces quelques mots, extraits des Mémoire intimes de Simenon, nous rappellent la visite d'avril 1952 au Quai des Orfèvres, lors de la "tournée triomphale" du romancier en Europe. Le sujet a déjà été évoqué sur ce blog, mais nous y revenons pour nous interroger plus en détail sur l'impact de cette visite quant aux relations entre Simenon et son héros commissaire.
Le voyage de 1952 a certainement donné la mesure de la popularité du romancier, et il a pu se rendre compte combien il était apprécié dans la "vieille Europe". Un des points forts a sans nul doute été l'escale à Liège, quand le presque quinquagénaire a pu remettre ses pas dans ceux de l'enfant de chœur qui arpentait jadis les rues d'Outremeuse…
Cela avait commencé en mars, dès l'arrivée au Havre, lorsqu'en débarquant, Simenon avait été accueilli par ses trois éditeurs français, et cela s'était terminé en mai, lorsqu'il fut installé comme membre de l'Académie royale de langue et de littérature française à Bruxelles. C'était bien le romancier renommé que l'on consacrait ainsi, et pas seulement l'auteur de romans policiers. Les conséquences de ce voyage auront surtout deux effets. D'une part, comme l'écrit Assouline, Denise "a vraiment mesuré l'immense popularité de son mari. L'agitation semble lui être montée à la tête." C'est à partir de là, selon ce qu'en note le biographe, qu'elle va se prendre pour la gestionnaire des affaires de son mari, et qu'elle va accaparer une place qu'au départ il lui a bien abandonnée, mais qui va finir par devenir envahissante. D'autre part, ce voyage doit avoir laissé des traces chez le romancier lui-même. Mais des traces encore très latentes. Il continue d'écrire des romans ayant pour toile le décor américain, et en parallèle des romans dont l'intrigue se déroule en Europe. Sa vie est pour le moment encore fixée à Lakeville, où il va fêter ses cinquante ans et voir la naissance de Marie-Jo. Quand il retrouve son "home" à la fin mai 1952, il croit vraiment être rentré chez lui, et pour de nombreuses années. Pourtant, moins de trois ans plus tard, il reviendra définitivement sur le Vieux Continent. De nombreux facteurs sont à prendre en compte: une certaine désillusion (face au puritanisme, au maccarthysme), le désir d'offrir à Denise un nouveau passage de la ligne, et peut-être aussi le fait qu'il n'a pas gagné sa bataille américaine. Certes, son œuvre est connue aux USA, mais pas autant qu'il l'espérait, et en tout cas pas autant qu'elle l'est en Europe, comme le voyage de 1952 lui en a offert la preuve…
La réception du 18 avril à la PJ a eu elle aussi son impact. Là, c'était bien le créateur de Maigret que l'on voulait honorer. Simenon aurait pu en prendre ombrage, mais il avait déjà dépassé le stade où il était "jaloux" du personnage qui l'avait cantonné dans l'étiquette d'auteur de polars. Rappelons qu'en 1950, il avait rédigé Les Mémoires de
Maigret, et cette "mise au point" lui avait permis d'entamer une nouvelle forme de relation, réconciliée, avec son héros. Après ce roman, il en avait aussi écrit quelques-uns des meilleurs de la saga, dans des décors évocateurs et nostalgiques du Paris qu'il avait connu autrefois (Maigret au Picratt's en est un bon exemple). La remise de la médaille a été comme le symbole de l'importance de Maigret, une sorte de reconnaissance, de la part de ceux qui étaient le mieux placés pour en juger – les policiers eux-mêmes – que ce que Simenon avait raconté sur le travail du commissaire correspondait à une certaine réalité (combien de ces policiers, dans les articles parus à cette époque, se targuaient même d'avoir été les modèles de Jules Maigret !). Et le romancier ne se cachait pas d'avoir apprécié ce geste: en mai 1962, interviewé par le journal suisse Pour tous à propos de sa création et de sa créature, en plein milieu de l'entretien, Simenon dit au journaliste: "je vais vous montrer quelque chose dont je suis très fier", et de sortir d'un tiroir la fameuse médaille…
Cette reconnaissance en quelque sorte "officielle" de Maigret, de sa "véracité" et de son "authenticité", a dû elle aussi contribuer à ce que Simenon poursuive la rédaction des romans Maigret, qui ne lui étaient plus vraiment nécessaires à l'époque, n'ayant plus rien à prouver au niveau de sa renommée littéraire, le voyage de 1952 en faisait foi. Bien sûr, le romancier a toujours affirmé que l'écriture d'un roman Maigret était un délassement nécessaire entre deux "romans durs", et on veut bien le croire. N'empêche que plus le temps avancera, plus les romans de la saga maigretienne reflèteront étroitement le travail réel de terrain d'un policier. Les interrogations de Maigret à propos de son métier, du bien-fondé de ses actions de justicier se feront de plus en plus présentes et nombreuses…
Après avoir effectué une première série de visites dans les années '30 pour s'imprégner de l'ambiance de la PJ, à l'invitation de Xavier Guichard, et avoir fait la connaissance de Guillaume et de Massu, et s'en être inspiré en partie pour créer son commissaire, la visite de 1952 est venue comme une confirmation, et d'avoir croisé de nouveaux policiers, les avoir entendus raconter leurs expériences, a sans doute été une nouvelle source d'inspiration pour continuer à donner vie à Maigret…
Murielle Wenger
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