sabato 16 giugno 2018

SIMENON SIMENON. ENTRE ANGLETERRE ET AMERIQUE

Contexte d'écriture du roman Le revolver de Maigret 

SIMENON SIMENON. TRA INGHILTERRA E AMERICA 
Contesto di scrittura del romanzo La rivoltella di Maigret 
 SIMENON SIMENON. BETWEEN ENGLAND AND AMERICA 
Writing context of the novel Maigret's Revolver 

Le revolver de Maigret est le premier roman que Simenon écrit en 1952, au mois de juin, après le retour du "voyage triomphal" en Europe. En effet, il avait écrit en décembre 1951 La mort de Belle, puis l'année 1952 avait tout de suite été très occupée: en plus des préparatifs pour le voyage en Europe (qui devait débuter en mars), Simenon avait fait plusieurs déplacements en Amérique même, pour signer des contrats d'adaptation de ses œuvres. C'est pourquoi il n'eut le temps d'écrire, avant son départ, que deux nouvelles policièresL'invalide à la tête de bois et La chanteuse de Pigalle 
Le voyage en Europe se prolongea jusqu'en mai, et c'est donc en juin, une fois rentré à Lakeville, que le romancier reprit son travail de rédaction. Pour commencer par un Maigret. Le roman débute par ces mots: "Quand plus tard, Maigret penserait à cette enquête-là, ce serait comme à quelque chose d'un peu anormal". Et c'est aussi ce qu'on peut penser de ce roman Le revolver de Maigret, dans le sens où un tiers de l'action se déroule dans un endroit inhabituel, puisque le commissaire est amené à enquêter à Londres, qui est évidemment hors du cadre de sa juridiction.  
Alors que dans les romans écrits pour Fayard et pour Gallimard, Simenon envoyait souvent son héros en dehors des limites de la capitale, voire au-delà des frontières françaises, le fait est devenu beaucoup plus rare dans les romans des Presses de la Cité, et on peut se demander pourquoi, après toute une série de romans aux ambiances bien parisiennes, tout à coup il le fait enquêter en Angleterre.  
C'est vrai qu'il ne faut pas systématiquement rechercher de correspondance entre des éléments biographiques et l'époque de rédaction d'un roman. Néanmoins, on peut tout de même noter que c'est alors que Simenon vient d'effectuer un "pèlerinage" dans la vieille Europe qu'il fait faire à son héros un déplacement hors de son terrain de chasse coutumier, comme s'il voulait l'obliger lui aussi au dépaysement. Même si, cette fois, il ne l'entraîne pas dans son propre sillage, comme il l'avait fait jadis dans Maigret à New York ou Maigret chez le coronerEn effet, d'après Pierre Assoulinealors qu'un passage à Londres était prévu dans l'agenda chargé du séjour européen de 1952, il semble que finalement ce voyage londonien n'eut pas lieu, "l'emploi du temps ayant dû être resserré", suppute le biographe.  
Peut-être avons-nous là l'explication du roman: faute d'avoir pu lui-même se rendre à Londres, le romancier y a délégué son personnage, s'amusant à le plonger dans une ambiance insolitelui faisant découvrir – avec peut-être un certain regret nostalgique – la poésie des rues de Londres pendant la nuit, où "les réverbères avaient un autre éclat qu'à Paris, la nuit une autre couleur et même l'air avait un goût différent", se délectant des petits déboires que le commissaire rencontre en tant qu'étranger. Comme un écho de ce que celui-ci avait vécu dans Maigret à New York et Maigret chez le coronerEt comme si le clin d'œil n'était pas assez explicite, Simenon a soin de souligner que le revolver dont le vol va déclencher toute l'affaire, a été offert à Maigret par ses collègues du FBI, "quand il était allé passer quelques semaines aux Etats-Unis"… 
Quant à Simenon, il retrouvera Londres deux ans plus tard, lors d'un "voyage promotionnel", avec tournée dans plusieurs villes anglaises, à l'initiative de son éditeur Hamish Hamilton. Mais apparemment ce voyage ne lui a pas apporté grand plaisir, puisqu'il n'en fait, dans ses Mémoires intimes, qu'une évocation "sommaire et brumeuse", ainsi qu'il est dit dans le volume publié par Omnibus. Si le romancier retrouve avec bonheur son home américain après ce séjour anglais, celui-ci aura tout de même eu, par contrecoup, quelque influence, puisque au début de l'année 1955, c'est au tour de Hamish Hamilton de venir à Lakeville. Au cours d'une conversation, l'éditeur demande à Simenon les raisons qui le font rester en Amérique. Et c'est au lendemain de cette conversation, d'après ce qu'en raconte le romancier, que celui-ci prend la décision de rentrer définitivement en Europe. Il venait d'achever Maigret et le corps sans tête, un roman rempli de la nostalgie de décors parisiens… 

Murielle Wenger 

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