martedì 26 giugno 2018

SIMENON SIMENON. MAIGRET A LA CAMPAGNE /2

Deuxième partie: quand le commissaire est plongé dans un paysage rural 

SIMENON SIMENON. MAIGRET IN CAMPAGNA /2 
Seconda parte: quando il commissario è immerso in un paesaggio rurale 
SIMENON SIMENON. MAIGRET AT THE COUNTRYSIDE /2 
Second part: when the Chief Inspector is immersed in a rural landscape 


Dans notre premier billet sur le sujet campagnard, nous avons évoqué des romans dont le paysage rural n'avait qu'une importance minime. Dans ce deuxième billet, nous allons parler de romans qui se passent à la campagne, celle-ci revêtant une importance plus ou moins grande selon les cas. L'intrigue de La nuit du carrefour traite pour l'essentiel d'une "histoire de bagnoles" qui circulent dans un paysage de routes, et on aurait peut-être tendance à oublier que ce carrefour d'Avrainville est situé, par le romancier, en pleine campagne, dont on retrouve des éléments à de nombreuses pages du roman. Ainsi, au premier chapitre, l'arrivée de Maigret sur les lieux: après la "montée, sur les pavés luisants d'huile, de la route nationale", voici le garage d'Oscar, la villa des Michonnet, et la maison des Andersen, "la bonne maison de campagne du temps jadis, comportant […] les poulaillers, une écurie". Le paysage aux alentours est bien rural: "Au-delà des champs, un clocher, des toits de fermes, une charrue abandonnée quelque part à l'orée des labours." Ce décor campagnard va d'ailleurs être mis, tout au long du récit, en contraste avec le ruban de la route. D'un côté, le passage vrombissant des moteurs de voitures, de l'autre le calme du paysage: "des chevaux traversaient un champ lointain pour regagner la ferme"; "la campagne […] avait un air monotone, stagnant, et on entendait des bruits très loin, un hennissement, la cloche d'une église". On oublie aussi parfois combien ce roman baigne dans une atmosphère printanière, tant le film qui en a été tiré en a imposé le souvenir d'une atmosphère brumeuse et pluvieuse… Et pourtant, les notations sur la campagne du début de printemps sont bien présentes dans le récit, comme celles-ci au lendemain de l'attentat contre Mme Goldberg: "Maigret marchait lentement, tête basse, dans le champ où les blés commençaient à piqueter la terre de vert pâle."; "Dans le champ […] où maintenant il avançait pas à pas, […] deux paysans chargeaient dans une charrette des betteraves". 
L'action de L'affaire Saint-Fiacre se déroule dans le village d'enfance du commissaire, et nous y retrouvons donc des ambiances campagnardes, que l'auteur note d'ailleurs en quelques traits, sans y insister. A côté de l'église et de ses cloches, de l'auberge, du château et d'un étang, on voit des feuilles mortes voler sur le chemin, on entend "une vache meugl[er] dans une ferme", "une charrette de fumier pass[er] lentement" sur la route, et Maigret croise "une oie qui divaguait sur le chemin". Enfin, lorsque le commissaire se rend en taxi à Moulins, il regarde le paysage défiler, avec des "terres labourées à perte de vue". Il est à noter que ces paysages ruraux ne sont pas vraiment retenus par le commissaire lui-même, qui semble garder de son enfance davantage de souvenirs liés au château et à l'église que de la campagne elle-même, qui reste un peu en arrière-plan. Le jeune Maigret, en tant que fils du régisseur, a-t-il vraiment partagé les jeux des petits villageois ? N'oublions pas non plus qu'à l'âge de douze ans (voir Les mémoires de Maigret), il est parti de Saint-Fiacre pour habiter à Nantes chez sa tante… 
Dans L'inspecteur Cadavre, Maigret fait connaissance avec la campagne vendéenne. Celle-ci n'est pas au cœur de l'action, et le décor est plus souvent noyé dans le brouillard, mais on trouve tout de même quelques touches rurales: les étables de la maison des Naud, avec "deux longs rangs de vaches rousses", et la maison des Naud elle-même, dont Maigret hume avec délice le "fumet de campagne", et dont l'opulence contraste avec les venelles du village de maisons pauvres, où Maigret va apercevoir une "truie barbouillée de boue".  
L'enquête à la campagne dans Maigret à l'école laisse un goût de déception au commissaire. Il faut dire qu'il s'est rendu sur place non pour retrouver une ambiance rurale, mais parce qu'il avait évoqué des souvenirs de bord de mer. Venu pour déguster des huîtres et du vin blanc, il est plus que dépité quand il constate que pour arriver à Saint-André, il doit "traverser des campagnes qui ressemblaient à toutes les campagnes", que le village "avait l'air de n'importe quel bourg de campagne", et que le bruit qui le réveille au petit matin est celui d'un troupeau de vaches… Même s'il finira, après avoir suivi Jean-Paul le long des "champs et des prés où paissaient quelques vaches", par apercevoir la mer (et par déguster son vin blanc !), il quittera sans regret le village, puisqu'il était venu chercher une ambiance maritime, et non des souvenirs campagnards…  
Dans un  prochain et dernier billet sur ce sujet, nous évoquerons la campagne en tant que décor de la retraite de Maigret. 

Murielle Wenger 

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