Les apparitions du commissaire dans un recueil de nouvelles en dehors de la saga
SIMENON SIMENON. MAIGRET IN VISITA ALL'AGENZIA O
Le apparizioni del commissario in una raccolta di racconti fuori dalla serie
SIMENON SIMENON. MAIGRET IS VISITING THE AGENCY O
Le 19 février 1934, les lecteurs du quotidien Le Jour apprenaient que le commissaire Maigret, qui avait disparu depuis près d'une année de l'actualité littéraire (L'Ecluse no 1 avait été publié en juin 1933), allait reprendre du service.
En effet, Simenon annonçait qu'il était revenu sur sa décision d'abandonner son personnage: «après une vingtaine de romans, […] je me suis arrêté et j'ai passé à d'autres exercices. On m'a envoyé des tas de lettres. On m'en a voulu. Le Jour m'a demandé de faire revivre Maigret pendant quelques semaines. J'ai juré, auparavant, que c'était la dernière fois !» Pour bien marquer que c'était «la dernière fois», le romancier mettait son commissaire à la retraite, espérant ainsi se débarrasser de lui en douceur, mais définitivement…
En 1936, cependant, il remit son commissaire au travail, pour une première série de nouvelles. Il s'agissait à nouveau d'une commande pour un journal, et sans doute Simenon pensait-il que cela ne tirait pas à conséquence: ces nouvelles, vite écrites et vite lues, seraient oubliées dès que le lecteur aurait jeté le journal ou s'en serait servi pour emballer ses salades… En hiver 1937-1938, le romancier accepta d'écrire une deuxième série de nouvelles avec Maigret. Mais cette fois, il semblait décidé à laisser de côté son commissaire, puisque, dans les dernières nouvelles de cette série, il le mettait à nouveau à la retraite.
Pourtant, il n'attendit pas si longtemps pour l'en tirer, puisque, en décembre 1939, Maigret était en activité dans un roman, Les Caves du Majestic. Certes, Simenon avait écrit à Gide, peu de temps auparavant, qu'il allait reprendre son personnage pour «faire bouillir la marmite». Entre temps, la guerre était arrivée, et le romancier, conscient du succès plus important en librairie des romans Maigret par rapport aux romans durs, savait qu'il devait en passer par là, financièrement parlant.
Cependant, il ne s'agissait pas uniquement d'une question d'argent. D'abord, comment le romancier aurait-il pu présenter autrement la reprise de Maigret à Gide, qui attendait de lui un «grand roman», et qui le submergeait de conseils littéraires ?... Aurait-il pu seulement lui avouer qu'il aimait écrire des romans policiers, et qu'il appréciait son commissaire, même s'il n'atteignait pas à la hauteur des personnages tels que Gide aurait voulu en voir surgir de la plume de Simenon ?
Une preuve que le romancier n'avait finalement pas si envie que cela de se séparer de Maigret, se trouve dans les nouvelles qu’il rédigea en mai et juin 1938, celles du Petit Docteur et celles de L'Agence O. Rien ne l'obligeait, même si on lui avait commandé des nouvelles policières (elles devaient paraître dans l'hebdomadaire Police-Roman), à utiliser des personnages qu'on trouvait dans les romans Maigret. Et pourtant c'est bien ce qu'il fit. Dans le Petit Docteur, il mettait en scène, parmi les comparses, les inspecteurs Torrence et Lucas. Et dans la série de L'Agence O, non seulement on trouvait le Dr Paul, Lucas, Janvier et Torrence, mais ce dernier était le personnage principal. Et il n'y a aucun doute sur le fait qu'il s'agit bien du Torrence de la saga maigretienne, puisque Simenon prenait soin de rappeler que l'ex-inspecteur avait travaillé, avant de fonder son agence privée, sous les ordres de Maigret.
Il y a plus: Maigret est nommément cité dans neuf des nouvelles, pour une quinzaine de mentions. La plupart de celles-ci sont liées à Torrence, précisant que celui-ci a travaillé pendant quinze ans avec le commissaire, qu'il a été son collaborateur préféré, son bras droit, qu'il singe son ancien patron en fumant la pipe, le dos au feu du poêle, que son impassibilité est aussi légendaire que celle de Maigret. Quant à celui-ci, Simenon écrivait que «Maigret travaillait volontiers à la bière, ou au gros rouge».
En somme, une foule de petites allusions pleines d'humour et qui marquaient une certaine distance voulue par le romancier d'avec son héros qu'il avait mis de côté, mais en même temps qui dénotaient une certaine nostalgie de ce petit monde qu'il avait créé, et qu'il ne tarderait pas à remettre en vie…
Murielle Wenger
Proprio per le ragioni brillantemente esposte ho sempre considerato i dossier dell agenzia O uno spin-off ironico e godibilissmo delle inchieste di Maogret
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