Contexte de parution du recueil Les nouvelles enquêtes de Maigret
SIMENON SIMENON. NUOVE INCHIESTE MA UN RITORNO DIFFICILE
Contesto di pubblicazione della raccolta Les nouvelles enquêtes de Maigret
SIMENON SIMENON. NEW INVESTIGATIONS YET A DIFFICULT RETURN
The background behind the publication of the collection Les nouvelles enquêtes de Maigret
On se souvient que Simenon, malgré son serment d'abandonner son commissaire en 1934, revint sur sa décision et écrivit deux séries de nouvelles qui remettaient son héros en scène. Pensait-il qu'il ne s'agissait là que d'un exercice ponctuel, uniquement destiné à satisfaire la demande des journaux, et des lecteurs déçus d'avoir vu disparaître le commissaire à la pipe ? Aussitôt écrits, aussitôt oubliés ?...
Peut-être pas. En effet, il avait échangé dès 1936 quelques courriers avec Gallimard à propos de la mévente de ses romans durs: l'éditeur lui avait fait comprendre que les romans policiers connaissaient toujours un plus fort tirage que les autres ouvrages. Peut-être Simenon n'en aurait-il eu cure, mais les dépenses pour les travaux de la maison de Nieul, et les perspectives de la guerre, eurent raison de ses résolutions. En janvier 1937 déjà, il signait un contrat avec Gallimard pour une future publication des nouvelles, et, l'éditeur était ravi d'accueillir le commissaire à la NRF – et sans doute aussi content de savoir que de bonnes rentrées financières allaient certainement s'ensuivre…
Cependant, la publication de ces nouvelles ne fut pas pour tout de suite. En effet, en novembre 1939, Simenon faisait savoir à Gallimard qu'il allait faire revivre son héros, non plus dans des nouvelles, mais dans des romans. La plupart des biographes en restent à la version d'une reprise du personnage par nécessité économique, ce qui est une explication probablement exacte, mais, à mon avis, insuffisante. En effet, si l'on relit attentivement les romans Maigret de la période Gallimard, il ne fait aucun doute que le ton de ces romans, et le regard souvent amusé que le romancier pose sur son héros, sont autant d'indices que les retrouvailles étaient plaisantes… Et finalement, si on regarde bien les dates, Simenon n'a jamais vraiment "abandonné" son commissaire bien longtemps: il terminait la deuxième série de nouvelles au début de 1938, et déjà en 1939, il en écrivait deux autres, L'homme dans la rue et Vente à la bougie, puis, en décembre de la même année, le premier roman de la nouvelle série, Les caves du Majestic. En 1940, il rédigeait La maison du juge et Cécile est morte, et ces trois romans furent réunis en un recueil, intitulé Maigret revient…, que Gallimard publia en octobre 1942. La critique saluait le retour du héros: "les trois récits sont du meilleur Simenon", pouvait-on lire dans Le Journal, tandis que Comoedia écrivait: "Quand Maigret revient… c'est notre Simenon préféré qui nous revient aussi".
En 1941 et 1942, Simenon remit deux fois Maigret sur le métier, dans Signé Picpus et Félicie est là. En janvier 1943, le romancier écrivait à Gallimard qu'il était sur le point de commencer un Maigret, et il proposait à son éditeur de le joindre aux deux romans précédents pour un nouveau recueil. En septembre, un contrat fut signé; on en profita pour ressortir les nouvelles des tiroirs, et l'idée d'en faire aussi un recueil fut de nouveau mise sur le tapis.
En janvier 1944 paraissait le recueil des trois romans, sous le titre générique de Signé Picpus. On trouve quelques rares critiques pour évoquer cette nouvelle publication, comme celle du chroniqueur de Révolution nationale: "Sous le titre de Maigret revient…, Simenon publia, il y a deux ans, trois romans dans un seul volume. L'enchantement renaissait. Aujourd'hui paraît un énorme livre à couverture rouge. Maigret revient de nouveau sans avoir vieilli". Mais cette parution fut quelque peu éclipsée par les commentaires qu'on trouvait en plus grand nombre sur les films qui passaient dans les salles à la même époque: Picpus et Cécile est morte.
Le recueil des Nouvelles enquêtes de Maigret parut enfin en mars 1944. Mais curieusement, alors qu'en somme, ce recueil avait été prévu dans l'idée d'obtenir de bonnes rentrées financières, on n'en trouve quasiment aucun écho dans la presse de l'époque, comme si le contexte historique avait quelque peu gommé cette parution… Cela veut-il dire que Les nouvelles enquêtes de Maigret n'eurent aucun succès en librairie en 1944 ? Rappelons, comme l'écrivait le critique de Révolution nationale à propos de Signé Picpus, que les temps étaient à la disette, aussi sur le plan éditorial: "Heureux encore sont les lecteurs qui ont découvert le livre dans une librairie [car] l'édition française est devenue quasi clandestine pour cause de manque de papier". Michel Carly, dans son essai Les secrets des «Maigret», mentionne que le tirage des Nouvelles enquêtes était de 6000 exemplaires à sa sortie, et qu'il passa à 20000 en décembre 1945. Une nette augmentation certes, mais pas davantage d'écho dans la presse à ce moment-là. Il faudra attendre 1964, lors de la réédition de ce recueil, pour qu'on trouve enfin quelques critiques à son sujet, comme celle de la Gazette de Lausanne: "Il y a un «bouquet Simenon» qui émane des récits consacrés à Maigret. On marche ou l'on ne marche pas; le lecteur assez heureux pour "marcher" découvre un personnage attachant: il commence à démêler les affaires les plus sordides en tirant de sa pipe de philosophiques et sagaces bouffées, il boit du calvados, il promène son corps massif dans la pluie et la brume […] il s'immerge progressivement dans une atmosphère qui est celle de la vie même."
Murielle Wenger
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