sabato 8 aprile 2017

SIMENON SIMENON. UN ROMAN AU SOLEIL ET UN FILM DANS LE BROUILLARD

Le contexte d'écriture du roman "La nuit du carrefour" 

SIMENON SIMENONUN ROMANZO AL SOLE E UN FILM NELLA NEBBIA 
Contesto di scrittura del romanzo "La notte dell'incrocio" 
 SIMENON SIMENONA NOVEL IN THE SUNSHINE AND A FILM IN THE MIST 
The context of writing the novel "The Night at the Crossroads"

Avril 1931. Cela fait un mois que Simenon s'est installé dans le "château-hostellerie" La Michaudière, à Guigneville-sur-Essone, où il vient d'écrire Le chien jaune. Il va commencer un nouveau roman pour la collection Maigret chez Fayard. Le lieu de l'intrigue ? Pour changer des brumes de Concarneau, Simenon s'inspire, pour une fois, de l'ambiance des paysages qu'il a alors sous les yeux, et non de ses souvenirs de lieux visités jadis ou naguère…  
Le fait de s'être installé hors de Paris ne l'empêche pas de fréquenter du beau monde, comme le raconte Tigy dans ses Souvenirs: "Nous repartons pour la campagne. Cette fois une auberge chic de La Ferté-Alais, le château de Guigneville, où nous donnons quelques dîners et mondanités. […] Eugène Merle rentre en scène, à nouveau intéressé par Simenon, et nous sommes du nombre de ses invités du dimanche à son château d'Avrainville." Georges, lui, se souvient de ces déjeuners, où il croisait "dans une atmosphère de familiarité qui m'étonnait, des ministres, des banquiers, des hommes d'affaires plus ou moins véreux, des écrivains et parfois des journalistes" (in Un homme comme un autre).  
Mais ce n'est pas ce cadre mondain que le romancier retient pour son nouveau roman, c'est plutôt "l'ambiance météorologique" où il baigne qui va l'inspirer. En effet, il situe l'action de La nuit du carrefour en avril, soit à la même période que celle de la rédaction, ce qui est plutôt rare, car d'habitude, il y a plutôt un décalage entre la saison d'écriture d'un roman et la saison où l'action de celui-ci se déroule. Cette fois, le printemps semble le stimuler, et il place avec un réel plaisir son héros au milieu de la verdure campagnarde et des chants d'oiseaux… Ce qui n'empêche pas, bien entendu, pour respecter la loi du genre, qu'il agrémente le tout d'une série de scènes nocturnes et dramatiques, et qu'à côté des descriptions de bucoliques paysages apparaissepar contraste, le décor de la route, cette croisée à mi-chemin entre Etampes, Arpajon et Avrainville, où l'auberge, dans le roman, propose des repas bien loin des agapes dont Simenon se régalait lors des dimanches chez Eugène Merle… Mais l'importance du décor se trouve aussi donnée par le passage incessant de ces voitures, quittant ou remontant vers Paris, et dont le mouvement scande tout le roman.  
Si l'action du roman se situe au centre de ce carrefour, au coeur de l'histoire se trouve la troublante Else, un personnage qui va permettre au romancier de montrer quson "chaste" commissaire n'en éprouve pas moins des sentiments plus ou moins avouables face à l'attractivité d'un corps féminin…  
Un dernier point reste à souligner: lorsque Simenon rédige ce roman, la collection chez Fayard vient à peine de démarrer. Certes, les premières critiques ont paru dans les journaux, mais elles ont surtout été le fait des retombées médiatiques du Bal anthropométrique, et cela n'augure encore rien du succès futur du commissaire… On peut imaginer le jeune romancier déterminé à tenter sa chance, que ce soit parce qu'il croit en la potentialité de son personnage (encore que, comme le souligne Lacassin, Simenon garde en réserve, à tout hasard, un deuxième héros, Sancette, pour lequel il écrit quelques nouvelles en parallèle aux Maigret), ou simplement parce qu'il a promis à Fayard, en échange de l'appui de celui-ci, toute une série de romans pour cette nouvelle collection. Et l'obstination de Simenon, si elle a été payante, a probablement dû passer par des phases de doute. Car il faut le souligner, bien que les journaux se soient largement fait l'écho, à l'époque, du lancement des deux premiers Maigret, on trouve beaucoup moins de critiques pour les romans suivants, en particulier sur Le chien jaune et La nuit du carrefour. Paradoxalement, on ne trouvera davantage de critiques sur ces deux romans que lorsqu'ils auront fait l'objet, l'un et l'autre, des deux premières adaptations au cinéma. Il serait intéressant de pouvoir connaître les chiffres de vente de ces premiers romans, pour comparer leur succès respectif, mais dans tous les cas, il est assez probable qu l'époque, quand on parlait de La nuit du carrefour, on se référait plutôt au film qu'au livre. Dans le film que Renoir a tiré du roman, le printemps a été gommé pour le transformer en un carrefour de brouillard et de pluie, et c'est, explique le cinéaste, parce qu'il a essayé de rendre l'atmosphère qu'on trouve dans les livres de Simenon en général, et peut-être pas dans celui-ci en particulier… Voir cette vidéo où Renoir s'explique sur son travail: http://www.ina.fr/video/CPF86635736. 
Ceci explique peut-être pourquoi, après cela, Simenon est devenu ce "romancier d'atmosphère", avec les clichés de brume, de pluie et de noirceur, aux yeux des critiques, qui avaient en tête le film de Renoir. Alors que le roman de La nuit du carrefour, lui, baigne dans une tiède atmosphère printanière… 

Murielle Wenger 

2 commenti:

  1. On est impatient de découvrir quelle va être la version avec Rowan Atkinson... Night at the Crossroads va être diffusé dimanche 16 à 8h (heure locale) sur ITV...

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  2. 16 avril, of course...

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