martedì 26 dicembre 2017

SIMENON SIMENON. L'ECHARPE DE MME MAIGRET



SIMENON SIMENON. L'ECHARPE DE MME MAIGRET 
Petit conte de Noël pour les maigretphiles 

"Tu vas encore circuler dans le froid… Un de ces jours, tu vas tomber malade…", lui avait-elle dit le matin même. Elle avait beau lui répéter depuis des années que relever le col de son pardessus ne suffisait pas à le protéger, rien n'y faisait. Et pourtant, Dieu sait s'il était sensible de la gorge, et s'il attrapait facilement la grippe ! Mais elle le soupçonnait un peu de ne pas trouver cela désagréable, surtout au milieu d'une enquête, quand il devenait grognon… Pourtant, elle commençait à se soucier pour sa santé. L'âge venant le rendait plus sensible et moins résistant. Alors, puisqu'il ne voulait pas l'écouter, elle avait eu une idée… 
Le cliquetis des aiguilles se mêlait au tic-tac de la pendule. On n'entendait rien d'autre, car la neige qui recouvrait les rues amortissait le bruit des voitures, et il y avait peu de monde dehors, avec ce vent qui faisait tournoyer les flocons. Un coup d'œil au cadran. Onze heures trente. Il lui avait téléphoné pour lui dire qu'il serait là vers treize heures, et il s'était réjoui parce qu'il y avait de la blanquette. Mais avec lui, on ne savait jamais… Un visiteur de dernière minute, un appel d'un commissariat de quartier… Elle se surprit à prier pour qu'un crime n'ait pas été commis aujourd'hui. On ne tue pas les gens un 24 décembre, tout de même… 
L'ouvrage allongeait son reflet bleu marine sur l'accoudoir du fauteuil. Onze heures quarante-cinq. Elle posa ses aiguilles, gagna la cuisine, et, après avoir remué la sauce dans la casserole, elle alluma la radio. On annonçait d'abondantes chutes de neige en Alsace. Pourvu que les routes ne soient pas trop mauvaises, et qu'ils puissent aller rendre visite à sa sœur pour le Nouvel An ! Elle avait tellement hâte de faire la connaissance du petit Thomas, qui était né un mois plus tôt. Voilà qu'Hortense était grand-mère pour la deuxième fois… Et elle ne le serait jamais… Elle s'obligea à penser à autre chose… 
Midi quinze. Elle reprit ses aiguillesMaintenant, elle se concentrait sur son ouvrage, car elle était arrivée à l'endroit où le dessin se compliquait, et elle recompta ses points avec soin. Midi trente. Un petit tour dans la cuisine. Retour au fauteuil. Son esprit vagabondait au rythme du fil bleu qui s'étirait de la pelote. Qu'est-ce qu'il avait bien pu lui acheter comme cadeau de Noël ? C'était la première fois, depuis tant d'années de mariage, qu'ils n'avaient pas décidé à l'avance de ce qu'ils s'offriraient. C'est elle qui avait proposé que, pour une fois, ils se feraient la surprise. Il avait paru presque ennuyé… C'était tellement simple quand elle lui disait qu'elle avait envie d'une machine à café !… Il devait s'attendre à ce qu'elle lui offre quand même une pipe. Elle sourit toute seule…  
Midi quarante-cinq. Elle avait presque terminé son ouvrage. Mais elle pensa qu'il ne devait pas le découvrir quand il arriverait tout à l'heure. Elle rangea les aiguilles et les pelotes dans le dernier tiroir de la commode, qu'il n'ouvrait jamais, car il imaginait qu'il ne devait y avoir dedans "que des trucs de bonne femme"… Elle se mit en devoir de préparer la table. Elle contrôla que la crème, dans le frigidaire, restait bien ferme. Parce que c'était Noël, elle lui avait préparé une crème au caramel.  
Une heure quarante cinq. Pas de nouvelles, pas de coup de fil, rien ! Elle remua encore une fois la sauce, soulagée qu'elle n'ait pas figé d'avoir trop attendu. Elle était habituée à ses retards, mais, en général, il la prévenait… A une heure quinze, elle avait repris son ouvrage, et, au moins, celui-ci serait terminé. Elle avait même eu le temps de l'envelopper dans le papier-cadeau, et de le cacher tout au fond de sa table de nuit.  
Deux heures trente. Son pas dans l'escalier, enfin ! Elle ouvrit la porte, et le vit, rouge, essoufflé, et plutôt embarrassé… 
- Je te demande pardon. Je n'ai pas pu te prévenir… 
- Un crime ? Tu n'étais pas au bureau ? 
- Non… je t'expliquerai… 
Elle n'insista pas. Ils passèrent à table. Il s'extasia sur la blanquette, dégusta sa crème au caramel, puis il fit la sieste. Il ne retourna pas au bureau, mais il mit beaucoup de temps pour en venir à son explication. Il finit par sortir de la poche de son pardessus un long et étroit paquet, qui contenait un tissu vert et jaune, aux tons criards.  
- Tu n'arrêtes pas de me dire de me protéger la gorge. Alors, j'ai pensé que je devais aller m'acheter une écharpe. J'ai passé toute la fin de la matinée à courir les boutiques, mais rien ne me plaisait. Mais tu avais tellement insisté… Alors j'ai fini par acheter ce truc… Il est plutôt moche, hein ?... 
Elle dut se retenir pour ne pas rire, un peu attendrie quand même. 
Le lendemain matin, quand ils échangèrent leurs cadeaux, il découvrit une magnifique écharpe bleue marine, qu'elle lui avait tricotée…  
- Qu'est-ce que nous allons faire de ce machin vert et jaune ? bougonna-t-il. 
- Est-ce que tu ne m'as pas dit que Coméliau avait invité toute la brigade pour fêter ses trente ans de carrière ? Qu'il était de tradition de lui offrir quelque chose, et que tu n'avais pas d'idée pour un cadeau ? Ce "machin vert et jaune", comme tu dis, fera très bien l'affaire, tu ne crois pas ? 
Il éclata de rire et l'embrassa. Et elle eut toutes les peines du monde pour l'empêcher de se promener toute la journée dans l'appartement avec sa grosse écharpe bleue au cou… 


SIMENON SIMENON. MME MAIGRET'S SCARF 
A little Christmas tale for Maigretphiles 

"- You'll be walking around in the cold again… One day you'll get sick..." she had told him that morning. Even if she had been saying for years that raising the collar of his overcoat wasn't enough to protect him, it didn't help. And yet, God knows how his throat was sensible, and how easily he caught the flu! But she suspected that he didn't find it unpleasant, particularly in the middle of an investigation, when he was becoming grouchy… Yet she was beginning to worry about his health. Aging made him more sensitive and less resistant. So, since he wouldn’t listen to her, she had got an idea… 
The clicking of needles was mingling with the ticking of the clock. You could hear nothing else, for the snow that covered the streets dampened the noise of the cars, and there were few people outside, because of the wind that was twirling snowflakes. A glance at the dial. Half past eleven. He had phoned to tell her he would be at home around one o'clock, and he had rejoiced because there was blanquette for lunch. But with him, you never could tell… A last-minute visitor, a call from a district police station… She found herself praying that a crime hadn't been committed today. You cannot murder people on the 24th of December, all the same… 
The work was spreading his navy blue reflection on the armchair armrest. Quarter to noon. She put her needles down, got to the kitchen, and, after having stirred the sauce in the casserole, she turned on the radio. Heavy snowfall in Alsace was announced. Let's hope the roads wouldn't be too bad, and that they could go and visit her sister for New Year! She was so eager to meet little Thomas, who was born a month ago. And now Hortense was grandmother for the second time… And she would never be… She tried to think to something else… 
Quarter past twelveShe picked up her needles. Now she was focusing on her work, because she was arrived at the point where the drawing was getting complicated, and she counted her stitches carefully. Half past twelveA little tour in the kitchen. Back to the armchair. Her mind was wandering in the rhythm of the blue thread that was stretching out of the ball. What kind of Christmas present would he have bought for her? It was the first time, for so many years since their wedding, that they hadn't decided in advance what they would give to each other. She had proposed that for once they would make a surprise. He had seemed almost annoyed… It was so easy when she told him that she wanted a coffee machine!... He should be expecting that she would nevertheless offer him a pipe. She smiled… 
Quarter to oneHer work was almost finished. Yet she thought he ought not to see it when he would arrive. She stored needles and balls in the last drawer of the dresser, which he never opened, for he thought that inside there must be but "stuff for women"… She decided to set the table. She checked that the cream in the fridge stayed firm. Because it was Christmas, she had prepared a caramel cream.  
Quarter to twoNo news, no call, nothing! She stirred the sauce one more time, and she was relieved for it hadn't congealed. She was used to his delays, but usually he would inform her… At a quarter past one she had resumed her work and at least this one would have been completed. She had even had time to wrap it in a gift wrap, and to hide it deep in her night table.  
Half past two. His footsteps on the stairs, at last! She opened the door and saw him, red, out of breath, and rather confused…  
- I'm really sorry. I could not inform you… 
- A crime? Weren't you in your office? 
- No… I'll explain you… 
She didn't insist. They sat down to eat. He raved about the blanquettesavoured his caramel cream, and then he took a nap. He didn't go back to his office, but it took a long time till he came to an explanation. He ended by taking a long and narrow packet out of his overcoat pocket. In the packet there was a green and yellow fabric in garish tones. 
You keep telling me to protect my throat. So I've been thinking I had to go and buy a scarf. I spent the rest of the morning going shopping, but I didn't find anything appropriate. But you'd been so insisting… So I ended by buying this stuff… Rather ugly, isn't it?... 
She had to refrain laughing, and she was nonetheless a little moved.  
Next morning, when they exchanged their gifts, he discovered a wonderful navy blue scarf she had knitted for him…  
- What are we going to do with this green and yellow stuff? he grumbled. 
- Didn't you tell me that Coméliau had been inviting the whole squad to celebrate his thirty-year career? Traditionally he should be offered something, and that you had no idea for a present? This "green and yellow stuff", as you say, will very well do, don't you think so? 
He burst out laughing and kissed her. And she had all the trouble in the world to prevent him walking around the apartment all day with his big blue scarf around his neck… 


SIMENON SIMENON. LA SCIARPA DI MME MAIGRET 
Piccolo racconto di Natale per i maigrettofili 

«- Vai ancora fuori con questo freddo…. Uno di questi giorni ti ritroverai malato…» gli aveva detto lei proprio quel mattino. Aveva un bel ripetere dopo anni che alzare il bavero del suo cappotto non era sufficiente a proteggerlo, non serviva a niente. E comunque, Dio sa se era debole di gola, e si prendeva facilmente un raffreddore! E un po’ sospettava che non trovasse questo sgradevole, soprattutto nel bel mezzo di un’indagine, quando diventava scontroso… In ogni modo lei iniziava a preoccuparsi della sua salute. Gli anni lo rendevano più debole e meno resistente. Allora, visto che non voleva ascoltarla, ebbe un’idea… 
Il tintinniò dei ferri si mischiava al tic tac della pendola. Non si sentiva altro, perché la neve che ricopriva le strade attutiva i rumori delle autovetture e poi c’era poca gente di fuori, con quel vento che faceva roteare i fiocchi di neve. Un colpo d’occhio all’orologio. Undici e mezza. Le aveva telefonate per dirle che sarebbe arrivato verso l’una ed era stato contento perchè aveva saputo che c’era lo spezzatino. Ma con lui non si sapeva mai… Una visita all’ultimo minuto, una chiamata da un commissario di quartiere…. E lei si sorprese a pregare affinché un crimine non fosse commesso oggi. Non si uccide la gente il 24 dicembre… almeno…  
L’opera allungava il suo riflesso blu sul bracciolo della poltrona. Undici e tre quarti. Posà i suo ferri, andò in cucina, a mescolare la salsa nella casseruola. Accese la radio. Si annunciavano abbondanti nevicate in Alsazia. Chissà che le strade non fossero troppo impraticabili, e che potessero andare a visitare sua sorella per il nuovo anno! Aveva una gran voglia di conoscere il piccolo Thomas, che era nato appena da un mese. Ecco che Hortense era nonna per la seconda volta… Lei non lo sarebbe stata mai… Ma si obbligò a pensare ad altre cose… 
Mezzogiorno e un quarto. Riprese i suoi ferri. Ora era tutta concentrata sulla sua creazione, perchè era arrivata al punto in cui il disegno si complicava, ricontò con cura i punti. Mezzogiorno e trenta. Un piccolo giro in cucina. Ritorno alla poltrona. Il suo spirito vagabondava al ritmo del filo blu che si tirava dietro il gomitolo. Cosa lui avrebbe ben potuto comprarle per Natale? Era la prima volta che, dopo tanti anni di matrimonio, non avevano deciso in anticippo che cosa si sarebbero regalati. Era stata lei a proporre che, almeno per una volta, si facessero una sorpresa. Lui era apparso quasi annoiato… Era così semplice quando lei gli diceva che aveva tanta voglia di una macchina per il caffé!... E dovevo aspettarsi che lei gli regalasse quanto meno una pipa. Sorrise da sola….  
Mezzogiorno e tre quarti. Aveva quasi terminato la sua opera. Ma pensò che lui non doveva scoprirla quando fosse tornato. Raccolse i suoi ferri, i gomitoli e li mise nell’ultimo cassetto del comò, quello che lui non apriva mai, immaginando che all’interno dovevano esserci solo «roba per le donne»… Si mise così a preparare la tavola. Controllò che la crema nel frigorifero fosse ben rassodata. Perché era Natale e lei gli aveva preparato un creme-caramel. 
L’una e tre quarti. Nessuna notizia, neanche un colpo di telefono, niente! Rimescolò ancora una volta la salsa, sollevata che non si fosse solidificata per aver aspettato troppo. Era abituata ai suoi ritardi, ma  generalmente l’avvertiva… A l’una e un quarto aveva ripreso il suo lavoro, almeno quello sarebbe finito. Ed aveva avuto anche il tempo di impacchetarlo in una carta-regalo e di nascondere tutto sotto il suo comodino. 
Due e mezza. Finalmente i suoi passi sulle scale! Aprì la porta e lo vide rosso in viso, ansimante e piuttosto imbarazzato. 
  • Ti domando scusa. Non potuto avvertirti…. 
  • Un crimine? Non sei stato in ufficio? 
  • No… ti spiegherò 
Non volle insistere. Si misero a tavola. Lui si estasiò per lo spezzatino, gustò il creme-caramel, poi fece la siesta. Non tornò in ufficio, ma impiegò parecchio tempo per arrivare alla sua spiegazione. Finì per tirare fuori dalla tasca del suo cappotto un pacchetto lungo e stretto che conteneva un tessuto verde e giallo dai toni sgargianti. 
  • Tu non finisci mai di dire che devo proteggermi la gola. Allora ho pensato di comprarmi una sciarpa. Ho passato tutta la fine della mattinata a girare per negozi, ma non mi piaceva niente. Ma tu avevi insistito talmente…Allora ho finito per comprare questa roba… E’ piuttosto brutta, eh?... 
Lei dovette trattenersi per non ridere, per quanto fosse un po’ intenerita. 
L’indomani mattina, quando si scambiarono i regali, lui scoprì una magnifica sciarpa blu marino che lei gli aveva fatto con le sue mani 
  • Che dobbiamo fare con questa roba giallo e verde? brontolò lui. 
  • Non mi hai detto che Coméliau ha invitato tutta la brigata per festeggiare i suoi trent’anni di servizio? Ed è tradizione fargli un regalo e tu non hai mai un’idea di cosa regalargli? Questa «roba verde e gialla», come tu la chiami tu, farà proprio il caso, non credi? 
Egli scoppiò a ridere e l’abbracciò. E lei passò tutte le pene del mondo per impedirgli di andare su e giù per l’appartamento con la sua grossa sciarpa blu al collo…  

Murielle Wenger 

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