martedì 5 dicembre 2017

SIMENON SIMENON. UNE NECESSAIRE ALTERNANCE

A propos de la chronologie rédactionnelle de l'œuvre 

SIMENON SIMENON. UN'ALTERNANZA NECESSARIA 
A proposito della cronologia editoriale dell'opera 
SIMENON SIMENON. A NECESSARY ALTERNANCE 
About the editorial timeline of the work 



Nous avons évoqué récemment (voir notre billet du 14 octobre) comment et pourquoi Simenon a continué d'écrire des romans Maigret jusqu'au bout de sa carrière de romancierCette "nécessité" de continuer la veine maigretienne a conduit le romancier à une sorte d'alternance rédactionnelle entre les romans Maigret et les "romans durs". Comme il ne pouvait rester bien longtemps sans écrire, mais qu'il n'avait pas toujours la force de se mettre dans la peau d'un personnage à un intervalle trop rapproché, il écrivait une enquête pour son commissaire, ainsi qu'il le notait dans ses Mémoires intimes: "Je me délasse en écrivant un Maigret, comme chaque fois que, pour une raison ou une autre, je ne me sens pas d'humeur à m'attaquer à un roman dur." 
Cette alternance est devenue une réalité seulement depuis le moment où le romancier est entré aux Presses de la Cité. Auparavant, pendant la période Fayard, Simenon a d'abord rédigé toute une série de romans Maigret, avant de réussir à convaincre son éditeur de publier des romans sans le commissaire; puis, pendant la période Gallimard, l'essentiel de la production consisté en "romans durs", Maigret ne revenant à la vie que sporadiquement. Sven Nielsen probablement dû jouer son rôle dans la reprise du commissaire, même si les arguments financiers n'auraient sans doute pas suffi à ramener à la vie le héros à la pipe. La nostalgie parisienne du romancier vivant en Amérique a provoqué un rapprochement entre le créateur et sa créature, et Simenon a eu de plus en plus besoin de l'équilibre que lui donnait Maigret, pas seulement parce que c'était un personnage rassurant, mais aussi parce que son œuvre s'est construite sur les deux pans, "romans durs" et Maigret: les uns ne pourraient pas exister sans les autres, et ils sont tout autant nécessaires à l'édification de cette œuvre… 
L'alternance rédactionnelle stricto sensu, c'est-à-dire lorsqu'un roman Maigret succède directement à un "roman dur" et ainsi de suite, n'a été une réalité, dans la production simenonienne, que depuis 1967. Auparavant, un Maigret pouvait succéder à deux "romans durs", ou, inversement, deux Maigret pouvaient se suivre. Si lraison n'en est pas toujours explicitable (il entre tout de même une bonne part de hasard au gré de l'inspiration…), on peut en trouver une interprétation, souvent liée à un événement biographique.  
En 1946, le romancier vient de débarquer en Amérique, et d'expérimenter la "brûlure" de la passion pour Denyse. A chaud, il écrit Trois chambres à Manhattan, une transposition de cette expérience. Puis, à peine deux mois plus tard, il écrit Maigret à New York, dans lequel il fait découvrir le nouveau continent à son personnage, lui donnant ses propres réactions devant cette découverte. A ce moment-là, on pourrait imaginer que ce roman est un dernier adieu à son personnage, puisqu'il le dépeint comme étant à la retraite. On pourrait en voir la preuve dans le fait que vont suivre six "romans durs", sans aucun Maigret là au milieu (à l'exception de quelques nouvelles mettant en scène le commissaire). Il faut attendre le mois de novembre 1947 pour que Simenon redonne vie à son héros. Ce qui est intéressant ici, c'est que le romancier va justement écrire deux Maigret de suite, dont le second, Maigret et son mortsigne le retour définitif du policier dans son bureau du Quai des Orfèvres. La nostalgie vient de faire son œuvre…  
L'alternance régulière entre Maigret et "romans durs" se poursuit jusqu'aux derniers mois de 1949, lorsque Simenon, "dopé" par sa récente paternité, écrit coup sur coup Maigret et la vieille dame et L'amie de Madame Maigret, la rédaction du second débutant cinq jours à peine après avoir terminé le premier ! Les romans suivants écrits en Amérique respectent une alternance presque parfaite; de temps en temps, deux Maigret peuvent se suivre, ou alors ils peuvent être séparés par deux "romans durs".  
Le même principe prévaudra au retour de Simenon en Europe, un ou deux "romans durs" entre les Maigret, à quelques exceptions près: d'une part, les trois derniers romans écrits à Cannes sont des "romans durs"; d'autre part, l'année 1962 voit la rédaction d'un "trio" de Maigret. Cette année 1962 a été marquée par divers événementsla décision de quitter Echandens et de construire la villa d'Epalinges, mais aussi le premier séjour en clinique de Denyse. Sur le plan rédactionnel, c'est aussi l'année où Simenon, contrairement à son habitude, prépare tout un dossier de documentation pour écrire un roman (Les anneaux de Bicêtre). On peut donc imaginer que tout cela ne laissait guère de place au romancier pour pouvoir se "mettre en transe rédactionnelle", et écrire autre chose qu'un Maigret "délassant".  
Les années suivantes verront reprendre le rythme de l'alternance. En septembre 1972, un "roman dur" aurait dû succéder à Maigret et Monsieur Charles. Mais le déclic ne s'est pas produit, et le dernier roman de Simenon restera un Maigret, comme l'était celui qui avait inauguré sa production "officielle". La boucle était bouclée… 

Murielle Wenger 

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