martedì 9 gennaio 2018

SIMENON SIMENON. UNE HISTOIRE EN TROIS PERIODES ET QUATRE ROMANS /1

Comment le personnage de Maigret évolue au fil de la chronologie rédactionnelle 

SIMENON SIMENON, UNA STORIA IN TRE PERIODI E QUATTRO ROMANZI /1 
Come il personaggio di Maigret si evolve nel corso della sua cronologia editoriale 
SIMENON. A STORY IN THREE PERIODS AND FOUR NOVELS /1 
How Maigret's character evolves in the course of the editorial timeline 

Note préliminaire: le sujet nous ayant semblé digne d'être développé, notre texte a fini par prendre une certaine ampleur. Pour la commodité de la lecture, et pour respecter les normes en vigueur sur ce blog, nous allons donc proposer ce sujet en deux parties.
 
Pierre Assouline écrivait, à juste titre, que Simenon n'avait pas changé de style en passant d'un éditeur à l'autre, et que ses éditeurs successifs n'avaient pas eu de pouvoir sur son mécanisme de création. Et donc qu'il était quelque peu vain de partager l'œuvre simenonienne en une "période Fayard", une "période Gallimard" et une "période Presses de la Cité." Il est bien vrai que les thèmes simenoniens se retrouvent quel que soit l'éditeur, et c'est également vrai pour la saga maigretienne 
Maigret naît – "officiellement" parlant – avec Pietr le Letton et tel qu'en lui-même on le retrouve dans Maigret et Monsieur Charles. Entre les deux, une septantaine de romans, dans lesquels le commissaire est toujours semblable à lui-même dans sa configuration de base: une présence physique imposante, et une méthode d'enquête très particulière.  
Il n'empêche que si l'on se donne la peine de lire la saga dans son ordre chronologique de rédaction, on se rend bien vite compte que le personnage suit tout de même une certaine évolution, s'affinant surtout au point de vue de sa psychologie, à mesure que son créateur le dote de son propre ressenti face à la vie. Depuis l'esquisse quelque peu "pachydermique" que l'on trouve dans les premiers romans de la saga, jusqu'au "chercheur d'hommes" empli de doutes et de questionnements des derniers romans, il ne fait pas de doute que Maigret a évolué, parce que c'est en réalité le regard du romancier sur son personnage qui a changé.  
Pour illustrer notre propos, nous allons prendre des exemples dans quatre romans. Pourquoi quatre ? Notre point de vue est le suivant: si l'on peut voir les romans de la "période Fayard" comme un bloc (Francis Lacassin faisait déjà la remarque que ces dix-neuf premiers romans de la saga appartiennent encore davantage à la veine policière), et ceux de la "période Gallimard" comme une étape de transition, nous pensons que les romans des Presses de la Cité – deux fois plus nombreux que les romans des deux périodes précédentes prises ensemble – pourraient être répartis grosso modo dans deux groupes: d'une part, les romans écrits pendant la période américaine (dont certains sont parmi les plus "typiques" de la saga, dans le sens qu'ils mettent en scène des ambiances où on retrouve le commissaire plongé dans un décor parisien et nostalgique); d'autre part, les romans écrits par Simenon à son retour en Europe, lorsqu'un tournant s'amorce dans les thèmes traités (responsabilité des coupables, limites de la justice, etc.), ce qui fait que les romans de la saga se rapprochent de plus en plus des "romans durs". Nous avons donc choisi un roman paru chez Fayard, un chez Gallimard, et deux aux Presses de la Cité, dans chacun des deux groupes tels que nous les avons définis ci-dessus. 
N'oublions pas que Simenon a privilégié, pour faire ses premiers pas dans la "vraie" littérature, le roman policier, qui lui offrait deux avantages: un personnage, meneur de jeu, qui peut pénétrer dans tous les milieux, et le support d'une énigme qui permet de poursuivre l'intrigue jusqu'au bout. Par conséquent, les romans écrits pour Fayard ressortent encore beaucoup à la veine policière. Ainsi, Le pendu de Saint-Pholien, dans lequel Maigret cherche à remonter jusqu'à un ancien crime. Tout au long du roman, le commissaire part à la chasse aux indices, tente de trouver des liens entre les personnages, via un vieux veston interposé, fouine dans des archives de journaux, etc. Cela n'empêche pas, cependant, qu'on le voit déjà mener cette enquête selon une méthode qui lui est propre. C'est particulièrement le cas dans la scène où il observe les "compagnons de l'Apocalypse" au Café de la Bourse à Liège, imposant sa masse placide pour "dérouter" ses adversaires. C'est lors de cette scène d'ailleurs que le romancier fait de son personnage une description physique particulièrement frappante: "Et toute la masse du commissaire contribuait à donner à cette présence forcée une signification menaçante. […] Quelque chose d'implacable, d'inhumain, évoquant un pachyderme en marche vers un but dont rien ne le détournera."  

Dans la deuxième partie de ce texte, nous examinerons les tenants et aboutissants de l'évolution de Maigret. Rendez-vous donc dans quelques jours pour la suite… 


Murielle Wenger 

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