Un reportage de Simenon dans le journal Paris-Soir en 1937
SIMENON SIMENON, ALLA SCOPERTA DI POLICE-SECOURS
Un reportage di Simenon
nel quotidiano Paris-Soir del 1937
SIMENON
SIMENON. DISCOVERING EMERGENCY SERVICES (POLICE-SECOURS)
A report
from Simenon in the newspaper Paris-Soir
in 1937
Le 4 février 1937, paraissait dans le
magazine Confessions un article de
Simenon, intitulé A la retraite le
commissaire Maigret (on peut le lire ici: http://www.trussel.com/maig/conf37f.htm),
dans lequel le romancier rendait hommage au commissaire Guillaume, qui venait
de prendre sa retraite. Simenon mettait en parallèle Guillaume et Maigret, l'un
ayant servi de modèle à l'autre, et le second ayant été mis à la retraite
littéraire par son créateur…
Guillaume, quoique à la retraite, ne resta
pas inactif. En attendant de fonder une agence de police privée, il rédigea ses
souvenirs de policier, qu'il donna en exclusivité au journal Paris-Soir, qui publia, entre le 27
février et le 18 avril 1937, les "grandes enquêtes" du commissaire.
Ces textes ont été recueillis en 2005 par les Editions des Equateurs, et édités
sous le titre Mes grandes enquêtes
criminelles. Nous y reviendrons à l'occasion d'un prochain billet, mais
auparavant, pour introduire le sujet, nous allons parler d'une autre série
d'articles dans Paris-Soir.
Ce n'est sans doute pas un hasard si,
précédemment aux souvenirs racontés par Guillaume, le journal proposa, du 6 au
16 février 1937, un reportage en dix articles, consacré à Police-Secours, ce
local qui est, comme le dit Maigret dans Maigret
et l'inspecteur Malgracieux, "le cœur même de Paris". Pour découvrir
ces lieux, on avait fait appel à une plume qui avait déjà décrit, trois ans
auparavant, "les coulisses de la police", et qui avait aussi tracé un
portrait du travail de policier dans une série de romans… Vous l'aurez deviné,
il s'agit de Simenon.
Lors d'une première série d'articles, parus
sous le titre "En marge de l'affaire Stavisky, les coulisses de la police,
du quai des Orfèvres à la rue des Saussaies", de janvier à février 1934,
Simenon avait déjà évoqué le commissaire Guillaume, dans celui intitulé
"Un interrogatoire «à la chansonnette» ou comment le commissaire Guillaume
fit avouer Mestorino", et le lecteur des Maigret se souviendra sans doute que les interrogatoires à la
chansonnette et l'affaire Mestorino sont évoqués à plusieurs reprises dans les romans.
Mais cette fois, en 1937, c'est d'autres
aspects et d'autres locaux de la police que le reporter nous fait découvrir.
Dans "Police-Secours ou Les nouveaux mystères de Paris", il nous
emmène sur les lieux, d'abord au poste central de Police-Secours, "cette
vaste pièce de la Préfecture de Police où des centaines de disques éteints ou
lumineux sont autant de témoins des drames de Paris", et ensuite dans
différents quartiers de la capitale. Comme le dit le préambule au premier
article: "Georges Simenon montrera comment le crime prend, de quartier en
quartier, à Paris, un visage différent, et comment, avec le même courage, avec
le même esprit d'abnégation, avec des méthodes semblables, il est partout
poursuivi, et le plus souvent puni."
Dans le premier article, intitulé
"Citoyens, la police veille", Simenon nous présente la salle de Police-Secours,
et ses descriptions nous rappellent plus d'un passage des Maigret. "Dans la grande pièce que ferme une porte de fer,
mais dont les fenêtres sont ouvertes sur la nuit, ils sont quatre, quatre
fonctionnaires paisibles, et deux d'entre eux ont revêtu une blouse grise; un
autre, qui a trop chaud, est en bras de chemise, et le quatrième qui vient de
finir son pain et son saucisson, ramasse les miettes, roule son papier gras en
boule et le jette dans le poêle. A gauche, se dresse un énorme meuble qui
ressemble à un central téléphonique et où des centaines de petites lampes sont
prêtes à s'allumer. […] Justement, une lampe, grosse comme une pastille, vient
de s'allumer sur le plan de Paris appliqué au mur. C'est la lampe du XIIIe
arrondissement et son clignotement signifie que le car de Police-Secours de cet
arrondissement vient de sortir. Un meurtre […] ? Une bagarre […] ?... Déjà
l'opérateur a saisi le téléphone qui le met en relation directe avec le poste
principal du XIIIe. – Allô ! Ici Police Municipale. Votre car est
sorti. De quoi s'agit-il ?"
On pourrait se croire au début de Maigret et l'inspecteur Malgracieux ou
de la nouvelle Sept petites croix dans un
carnet… Mais ici, Simenon va nous décrire une série d'interventions réelles
qui ont lieu dans différents endroits de Paris, et ce sera l'objet des articles
suivants: "Montmartre, calme village…", "Trois balles qui
comptent, un coup de rasoir et cinq balles sans importance", "Le
quartier des suicidés et des flagrants délits", "La folle du
Moulin-Vert", "La cohorte des disparus", "Ceux qui rêvent
d'être des «terreurs»…", "Ceux qui ne veulent pas mourir seuls",
"Coupe-gorge et tapis-francs", "L'époque des gangsters est moins
dangereuse que celle des apaches".
Mais rien de sensationnel dans ces textes,
et le reporter s'applique à nous présenter le quotidien du travail de la
police: ivrognes sur la voie publique, autos volées, accidents de la
circulation, cambriolages et cadavres en tout genre…
Murielle Wenger
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