Combien de temps les fiançailles de Maigret
et Mme Maigret ont-elles duré ?
SIMENON SIMENON. L'INCHIESTA DI SAN VALENTINO
Quanto tempo è durato il
fidanzamento di Maigret e Mme Maigret ?
SIMENON SIMENON. THE INVESTIGATION OF
VALENTINE'S DAY
How long
did Maigret's and Mme Maigret's engagement last ?
On sait que Simenon, quand il écrivait les
romans de son commissaire, ne s'embarrassait pas beaucoup de chronologie, et
qu'il n'en était pas à une contraction près quand il évoquait la biographie et
la carrière de son héros…
Aujourd'hui, à l'occasion de la
Saint-Valentin, nous allons illustrer l'une de ces contradictions en nous
penchant sur le "cas" de la rencontre entre Louise et Jules. Les
premiers événements de la vie commune du couple Maigret sont évoqués çà et là
dans les romans, parfois par une simple allusion: la première fois qu'ils se
sont embrassés (sur un banc de la place des Vosges, comme Mme Maigret le
rappelle dans La folle de Maigret),
ou la première fois que Louise a passé son bras sous celui de Jules (au sortir
de Carmen, comme Mme Maigret l'évoque
dans Les scrupules de Maigret). A
noter que ce sont des épisodes dont Mme Maigret se souvient, et qu'elle doit
rappeler à son mari, qui semble les avoir oubliés… Attitude masculine typique,
doit-on imaginer… ?!
Quoi qu'il en soit, on trouve dans deux
romans une relation un peu plus détaillée de ces premiers événements, une fois
racontés par Maigret lui-même (dans ses Mémoires),
et l'autre par le narrateur dans La
première enquête de Maigret. Comme nous allons le voir, les informations
données dans ces deux romans ne se recoupent pas complètement, et présentent
même quelques éléments contradictoires, dont on ne sait s'il faut les imputer à
une défaillance dans les souvenirs de Maigret, ou si c'est Simenon lui-même qui
a oublié les détails que lui aurait racontés Maigret, ou qui les aurait
réinterprétés à sa convenance…
Menons donc notre enquête, que nous dédions
à tous les amoureux et amants de la Saint-Valentin, et à tous nos amis
maigretphiles et simenophiles…
Prenons comme point de départ La première enquête de Maigret.
L'intrigue débute, comme Simenon le précise, le 15 avril 1913. On apprend que
Jules est marié depuis cinq mois, ce qui indique que son mariage doit avoir eu
lieu en novembre 1912. Il nous est aussi dit que Maigret est depuis moins d'un
an secrétaire au commissariat du quartier Saint-Georges, donc qu'il a été nommé
à ce poste au plus tôt après la mi-avril 1912.
Dans ses Mémoires, Maigret affirme que c'est trois semaines après avoir été
nommé secrétaire qu'il rencontre son ancien condisciple Félix Jubert, qu'il
perd de vue quelques semaines, avant que celui-ci ne l'emmène chez les Léonard,
où ont lieu les premiers échanges entre les futurs époux Maigret. Quelques mois
passent, et l'explication entre Jules et Félix, à propos de Louise, a lieu en
février, puis Maigret continue de fréquenter chez les Léonard, jusqu'à ce
qu'ait lieu sa "déclaration". A Pâques, Jules et Louise se rendent
chez les parents de celle-ci, à Colmar, et on peut admettre que les fiançailles
sont alors officielles; il est encore dit que Maigret a cherché un appartement
pendant l'été, en attendant de revoir les parents de Louise en automne, et
probablement de se marier à cette époque-là. Autrement dit, il se serait écoulé
environ une année et demie depuis leur première rencontre jusqu'à leur mariage,
et leurs fiançailles auraient duré quelque chose comme sept ou huit mois.
Si nous mettons maintenant ces faits en
regard de ce qui est dit dans La première
enquête de Maigret, il apparaît que si l'on pose que le mariage a eu lieu
en novembre 1912, la rencontre entre Jules et Louise doit avoir eu lieu au
courant de l'année 1911. Or, nous avons vu plus haut que, d'une part, lors de cette
rencontre, Jules était déjà secrétaire du commissariat (voir Les mémoires de Maigret) et que, d'autre
part, il aurait été nommé à ce poste en avril 1912 (voir La première enquête de Maigret): d'où une flagrante contradiction…
Mais assez pour aujourd'hui. Mettons ces
contradictions sur le compte d'une petite défaillance de mémoire, maigretienne
ou simenonienne, et quittons-nous avec cette image de la tendresse d'un couple,
une tendresse qui ne s'est pas affaiblie, au contraire, à mesure que les années
passaient: "Il ne l'appelait pas par son prénom, ni elle par le sien. Elle
ne lui disait pas chéri et il ne lui disait par chérie. A quoi bon, puisqu'ils
se sentaient en quelque sorte une même personne ?" (Maigret et le fantôme)
Bonne
Saint-Valentin à tous et à toutes !
Murielle Wenger
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