martedì 21 febbraio 2017

SIMENON SIMENON. TAHITI: ENTRE REVE ET REALITE

Simenon découvre "l'archipel des amours" en 1935quelques extraits de son reportage 

SIMENON SIMENON. TAHITI: TRA SOGNO E REALTÀ 
Simenon scopre "l'arcipelago dell'amore" nel 1935; alcuni brani tratti dal suo reportage 
SIMENON SIMENON. TAHITI: BETWEEN DREAM AND REALITY 
Simenon discovers "the archipelago of love" in 1935; some extracts from his report 

Le Simenon du milieu des années 1930 est un grand voyageur. Pressé d'emmagasiner des impressions, de découvrir "l'homme nu", il sillonne les continents: après l'Afrique (1932), l'Europe du Nord et de l'Est (1933), et les pourtours de la Méditerranée (1934), le voilà qui entame en 1935 un tour du monde, qui l'emmène de l'Amérique du Sud à l'Egypte, en passant par l'Australie, les îles du Pacifique et l'Océan Indien. Il en rapporte des reportages, qui paraissent dans Paris-Soir, mais aussi des thèmes pour de futurs romans.  
Parmi tous les pays qu'il traverse, il passe environ deux mois à Tahiti, que la littérature, la peinture et le cinéma ont rendu mythique. Mais Simenon a tôt fait de découvrir l'envers de la façade, et son reportage, Tahiti ou Les gangsters dans l'archipel des amoursse rapproche, en moins virulent, de celui qu'il avait écrit naguère sur l'Afrique. A côté des légendaires belles Tahitiennes, les réalités du climat et du colonialisme, et les vérités sur les trucages cinématographiques… 
Le premier texte de ce reportage, qui paraît dans Paris-Soir le 17 septembre 1935, nous montre un Simenon déjà très au clair sur les mensonges de l'exotisme. Il écrit: "En somme, à voyager, on se casse le nez, on effeuille ses illusions. On pourrait peut-être dire sans trop exagérer qu'on voyage pour faire le compte des pays où l'on n'aura plus envie de mettre les pieds." Après avoir esquissé en quelques phrases le décor de Tahiti tel qu'on peut le rêver: "Tahiti des guitares et des fleurs dans les cheveux, des paréos et des danses au clair de lune...", le paragraphe suivant s'ouvre sur ce constat, qui tombe abruptement sur les rêves: "Il pleuvait à torrent." Il décrit ensuite son arrivée sur l'île, "dans la grisaille", et "quant aux fameuses Tahitiennes, elles étaient là, vêtues de robes de toile […], armées chacune d'un parapluie. Une seule femme était nue sous un paréo, mais c'était une blonde […], une touriste américaine".  
La suite est sur le même ton, celui de la désillusion. Enfin, les choses changent un peu lorsque la pluie cesse, et que le soleil arrive. Il découvre alors le décor tel qu'il l'avait rêvé, avec les cocotiers et "l'ourlet de l'océan [qui] retombait avec un bruit d'orgues sur le récif du lagon. […] C'était tout bonnement merveilleux !" Mais, passé ce moment d'enthousiasme, il revient très vite aux réalités: "un village, à Tahiti, c'est une petite église catholique, un grand temple protestant, une mairie rustique et une boutique de Chinois. A part cela, nous sommes en France."  
Après quelques anecdotes sur les magouilles de la politique locale, Simenon tente de partir à la découverte d'un autre fantasme: "Et moi qui étais venu pour voir si vraiment les Tahitiennes étaient le fin du fin en matière d'amour !" Sur ce plan-là, il va pouvoir faire quelques expériences concluantes... et ce qu'il en raconte ressemble à certains épisodes de ses "romans exotiques".  
A part quelques bons souvenirs, et des photographies de Tahitiennes, il rapportera de son voyage une autre vérité, crue et sans appel: les films qu'on tourne sur Tahiti ne sont, eux aussi, qu'illusion. Comme il l'écrit dans les dernières pages de son reportage: "Chaque bateau continuera d'amener une troupe cinématographique d'Hollywood, avec un scénario confectionné à New York, un artiste lapon pour jouer le rôle de Marquisien et une Mexicaine pour le rôle de Tahitienne… Au nom de l'art, on cachera les maisons confortables, les autos, les autobus, les indigènes à bicyclette et on ira tourner l'inévitable scène de la Cascade, après avoir parlementé avec les Tahitiennes pour obtenir qu'elles mettent leurs seins nus…" 
Ce qui ne l'empêche d'ailleurs pas de conclure sur une note pleine de lyrisme: "comment […] raconter les pêches de Touamotou, la farouche solitude des Marquises, l'émerveillement de vos couchers de soleil ?", et, dans le post-scriptum qu'il adresse à ses "amis de là-bas", d'ajouter. "Vous savez bien comme moi qu'il est impossible, à moins d'être le plus subtil des poètes, de rendre le charme de vos îles."…. 

Murielle Wenger 

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