A côté des enveloppes jaunes, d'autres documents de travail pour le romancier
SIMENON SIMENON. SIMENON E IL FALDONE DI CARTONE
Oltre alle buste gialle, altri documenti di lavoro per il romanziere
SIMENON SIMENON. SIMENON AND THE CARDBOARD FOLDER
Besides the yellow envelopes, other working files for the novelist
Simenon aimait décrire, aux journalistes qui venaient l’interviewer, sa méthode de travail. Son explication variait parfois un peu, mais les grandes lignes étaient tracées. Il n’est donc pas étonnant que la plupart des biographes de l’auteur ont repris ce thème de la même façon en décrivant les mêmes étapes de la création. Lorsqu’il se sent en roman, l’auteur n’est pas bien dans sa peau. C’est comme s’il devait se débarrasser d’un poids sur la poitrine. Il doit écrire et à partir de là tout un rituel se met en marche. Avant tout il s’organise pour se décharger de tout souci tels que visites, courrier ou coup de fil. Il est dit aussi qu’il fait procéder pour toute sa famille à une visite médicale, car il ne veut pas être interrompu par la maladie de lui-même ou d’un des membres de sa famille. La veille du début de l’écriture, il reste des choses importantes à faire. Placer une rangée de pipes sur son bureau ainsi que quatre douzaines de crayons fraîchement taillés. Puis faire une promenade afin de faire le vide en lui et de laisser pénétrer des souvenirs d’hommes et de lieux amassés par le passé. Enfin vient le premier jour d’écriture, il accroche le petit écriteau do not disturb (ne pas déranger) à sa porte et prend une enveloppe jaune pour y inscrire les préparatifs nécessaires à son roman. Cette enveloppe n’est pas vraiment jaune, il s’agit d’un format commercial de 17,5 sur 25 cm, couleur terre de sienne. Simenon va y inscrire, au crayon, le nom, le prénom et l’âge du personnage principal, en général également son adresse, son numéro de téléphone ainsi que les détails tels que ses occupations, ses maladies s’il en a. Puis il indique plus sommairement les autres personnages du roman. Il n’est pas rare d’y trouver également les plans de sa maison en indiquant même si les portes s’ouvrent vers la gauche ou vers la droite.
Beaucoup de ces enveloppes se trouvent à l’Université de Liège (au Fonds Simenon), mais en Vendée il existe un collectionneur privé qui en possède plusieurs. J’ai la chance de posséder moi aussi un tapuscrit original de l’écrivain avec son enveloppe jaune, celui de Le Révolver de Maigret. En plus des détails cités plus haut, on peut y lire qu’à l’origine Simenon avait prévu un titre alternatif, celui de Le Jeune Homme qui Attendait. C’est dire si pour les chercheurs de telles enveloppes peuvent être intéressantes. Le résultat est que ces enveloppes sont fort recherchées et que tous les amateurs de Simenon en parlent. Curieusement, il existe un autre objet dont personne ne parle et qui est cependant aussi intéressant que l’enveloppe jaune. Je veux parler de la chemise en carton. En effet, l’auteur avait l’habitude de garder les feuillets écrits ou dactylographiés dans une chemise en carton qui avait pratiquement la même couleur que l’enveloppe et dont Simenon se servait pour écrire d’autres notes en relation avec le roman. Ces chemises sont donc aussi importantes que les enveloppes. On retrouve des compléments d’information, sur les deux faces de la chemise, qui peuvent être soit des parties de dialogues qui se retrouvent dans le roman, mais aussi le contenu des divers chapitres. Cette dernière information est importante, car l’auteur a toujours prétendu que lorsqu’il commençait un roman, il n’en connaissait pas la fin d’avance. Or, sur la chemise que je possède, l’auteur a inscrit le titre des différents chapitres du roman. Ont-ils été écrits à fur et à mesure ou l’ont-ils été dès le début de l’écriture, difficile à dire... mais en tous cas un sujet de discussion intéressant pour le chercheur simenonien.
Philippe Proost
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