martedì 8 agosto 2017

SIMENON SIMENON. UNE ESCALE AU QUAI D'ANJOU

Quelques éléments bio-bibliographiques sur une halte parisienne de Simenon 

SIMENON SIMENON. UNA FERMATA AL QUAI D'ANJOU 
Alcuni elementi bio-bibliografiche su una sosta di Simenon a Parigi 
 SIMENON SIMENON. A STOPOVER AT THE QUAI D'ANJOU 
A few bio-bibliographical elements on a stop by Simenon in Paris 

Nous sommes en juillet 1931. Quelques mois ont passé depuis la folle nuit du Bal anthropométrique, un temps que Simenon a passé à écrire de nouveaux romans pour la collection Maigret. Il s'est d'abord installé dans un hôtel, puis il a retrouvé l'Ostrogoth pour s'amarrer à Morsang. Il revient à présent à Paris, où il va faire un court séjour jusqu'à la mi-août. Mais il reste sur son bateau, qu'il amarre au quai d'Anjou, près du Pont-Marie. C'est là qu'il va écrire son deuxième roman "non-Maigret"Le Relais d'Alsace, dont l'action se situe dans un cadre bien loin de l'ambiance parisienne, selon une méthode de "décalage spatial" familière au romancier. Il n'est pas dans le sujet de ce billet de faire une analyse de ce roman, et nous nous contenterons de remarquer qu'on y trouve deux éléments qui font partie des détails connus des lecteurs des Maigret, puisque l'un des personnages principaux n'est autre que le fameux escroc international le Commodore, que notre commissaire affronte à plusieurs reprises au cours de la saga; d'autre part, l'intrique se déroule au col de la Schlucht, qui se trouve être un endroit de vacances que Maigret et sa femme ont fréquenté plusieurs fois, car la sœur de Mme Maigret y possède un chalet (voir Maigret s'amuse). Le Relais d'Alsace est que le premier "non-Maigret" sous patronyme que Fayard a publié, en octobre 1931, et ceci d'ailleurs dans la même collection que les Maigret, celle baptisée "collection des romans policiers". L'autre "non-Maigret", Le passager du Polarlys, pourtant écrit le premier, ne sera publié qu'en juin 1932, comme nous l'avions évoqué dans un billet du 18 juin 2016 
Mais revenons au quai d'Anjou. C'est à ce même endroit que le 4 août, Simenon donnait la fête qui devait lancer le "roman-photo" La folle d'Itteville, conçu en collaboration avec Germaine Krull. On sait que ce fut un échec, et Simenon n'eut plus qu'à se tourner vers sa collection Maigret, qui reçut sa "confirmation", comme il l'écrit lui-même dans sa dictée Point-virgule, lors de la séance de signatures du 15 août à Deauville.  
Cette courte halte au quai d'Anjou a laissé des traces dans l'œuvre simenonienne. En se référant à la "bible" de Michel Lemoine, Paris chez Simenon, on apprend ainsi que le quai d'Anjou est évoqué dans Le Confessionnal. La Vieille, La Porte et la nouvelle La nuit du Pont-Marie; c'est sur ce quai qu'habite le héros de En cas de malheur; et c'est là aussi que se situe la demeure des Batille dans Maigret et le tueurLes habitations que Simenon y décrit sont toujours fastueuses, et le contraste n'en est que plus frappant avec le Pont-Marie tout proche, qui, dans les romans, est systématiquement un abri pour les clochards. On rappellera que c'est près de ce pont que Keller, l'ancien médecin devenu clochard, a élu domicile et qu'il a été agressé (Maigret et le clochard) 
Enfin, le Pont-Marie est cité dans Mon ami Maigret: c'est là que de Greef avait amarré son bateau, sur lequel, d'après les renseignements que Lucas donne à Maigret, se déroulaient "de véritables orgies". Histoire vécue par Simenon lui-même ? Poser, la question, c'est y répondre, grâce à Michel Carly: dans son ouvrage Simenon et les femmes, l'essayiste nous apprend que lorsque le romancier avait amarré l'Ostrogoth près du Pont-Neuf au printemps 1929, il s'y trouvait un autre bateau, le Vert-Galant, habité par un couple de peintres hollandais, Frans et May de Geetere. Celle-ci sera la marraine de l'Ostrogoth lors du baptême du bateau par le vicaire de Notre-Dame. Et c'est bien sur le bateau des De Geetere qu'auront lieu ces "orgies" évoquées dans le roman Mon ami Maigret. On ne sait si Simenon lui-même y a participé, mais il semble évident que De Geetere servi de modèle à de Greef, et le fait d'avoir transposé l'allusion du Pont-Neuf au Pont-Marie ne change rien à la chose. D'ailleurs, Simenon pouvait aussi avoir en mémoire les festivités à bord de l'Ostrogoth pour La folle d'Itteville, que nous avions évoquées dans un billet du 9 août 2016.  
Ambiance festive, artistique et "orgiaque", rappelant les années folles de Montparnasse, et dépouillement extrême de ceux qui dorment à la belle étoile, le quai d'Anjou et le Pont-Marie se rejoignent pour évoquer deux facettes du Paris que Simenon a bien connu… 

Murielle Wenger 

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