A propos de quelques personnages maternels dans les romans Maigret
SIMENON SIMENON. LA FIDUCIA DELLE MADRI
A proposito di alcune figure materne nei romanzi di Maigret
SIMENON SIMENON. MOTHERS' CONFIDENCE
About some maternal characters in the Maigret novels
"Le portrait de la mère abusive, dans les romans de Simenon, relève du règlements de comptes", écrit à juste titre Denise Brahimi dans son ouvrage A la découverte de Simenon romancier. Il n'est plus besoin d'évoquer ici en détails, tant le fait est maintenant connu des simenophiles, les relations conflictuelles que le romancier entretint avec sa mère, Henriette, dont il fit un portrait assez corrosif en l'Elise de Pedigree. Ce n'est que bien plus tard, au soir de sa vie, qu'il parvint à exprimer tout ce que cette relation contenait de non-dit, de sentiments refoulés, dans sa Lettre à ma mère. Qu'Henriette lui ait toujours préféré son cadet est un fait avéré, mais ce qui compte n'est pas tellement de savoir si réellement sa mère a été proche du personnage d'Elise ou non, et si elle s'est vraiment comportée avec son fils comme celui-ci le laisse entendre. Ce qui est important, en réalité, c'est ce que le petit Georges a ressenti et éprouvé, même si son point de vue ne reflétait peut-être pas complètement la réalité. Le motif d'un chagrin d'enfant peut parfois sembler puéril aux yeux d'un adulte, il n'en reste pas moins que le chagrin, lui, est bien réel…
"Le portrait de la mère abusive, dans les romans de Simenon, relève du règlements de comptes", écrit à juste titre Denise Brahimi dans son ouvrage A la découverte de Simenon romancier. Il n'est plus besoin d'évoquer ici en détails, tant le fait est maintenant connu des simenophiles, les relations conflictuelles que le romancier entretint avec sa mère, Henriette, dont il fit un portrait assez corrosif en l'Elise de Pedigree. Ce n'est que bien plus tard, au soir de sa vie, qu'il parvint à exprimer tout ce que cette relation contenait de non-dit, de sentiments refoulés, dans sa Lettre à ma mère. Qu'Henriette lui ait toujours préféré son cadet est un fait avéré, mais ce qui compte n'est pas tellement de savoir si réellement sa mère a été proche du personnage d'Elise ou non, et si elle s'est vraiment comportée avec son fils comme celui-ci le laisse entendre. Ce qui est important, en réalité, c'est ce que le petit Georges a ressenti et éprouvé, même si son point de vue ne reflétait peut-être pas complètement la réalité. Le motif d'un chagrin d'enfant peut parfois sembler puéril aux yeux d'un adulte, il n'en reste pas moins que le chagrin, lui, est bien réel…
Ce qui intéresse surtout les lecteurs de Simenon dans cette affaire, c'est ce que le romancier a fait de cette relation conflictuelle mère-fils, comment il l'a utilisée dans sa création littéraire. C'est vrai que l'on trouve beaucoup de ces "mères abusives" dans ses romans, et que les personnages maternels sont plutôt rarement présentés sous un jour positif.
Dans ce billet d'aujourd'hui, nous allons évoquer quelques-uns de ces portraits de mères dans la saga maigretienne. On en trouve un certain nombre au fil des romans. Parfois leur statut de mère n'est pas de première importance dans l'intrigue, et nous ne parlerons pas de ces personnages-là. Par contre, il faut relever un certain nombre de ces "mères abusives", décrites au vitriol par le romancier, des personnages sur lesquels plane sans aucun doute le fantôme d'Henriette…
On peut d'abord évoquer Mme Martin dans L'ombre chinoise, avec sa peur de manquer et sa hantise d'assurer ses vieux jours. La relation entre mère et fils ne fait pas l'objet central du récit, mais le seul fait que ce soit les agissements de Mme Martin qui provoquent le suicide de son propre fils en dit long sur le sujet… Un autre personnage de mère qui pense d'abord à sa fortune plutôt qu'à ses sentiments maternels, c'est Mme Serre dans Maigret et la Grande Perche. Une vieille dame "bien sous tous les rapports", apparemment, digne et aux allures de mère supérieure (ce n'est sans doute pas un hasard si Simenon fait cette comparaison empruntée au monde de la religion…), mais en réalité une empoisonneuse, et qui poussera l'avarice jusqu'à tenter de tuer son propre fils. Terrible portrait de l'égoïsme poussé au paroxysme…
Et puis vient Mme Moncin dans Maigret tend un piège, sans doute l'une des charges les plus lourdes que Simenon ait portée contre les mères abusives… Sous prétexte d'amour maternel, Mme Moncin a surprotégé son Marcel, jusqu'à l'enfoncer dans son enfance, l'empêcher de grandir et de devenir un homme, ayant tenté d'en "faire sa chose", finissant par provoquer, à force de surprotection, un traumatisme chez lui, qui va le pousser à l'aliénation, à la folie meurtrière…
Au milieu de cette pléthore de "mauvaises mères", apparaissent cependant, mais moins souvent (et on ne s'en étonnera guère…), quelques portraits de mères dessinées d'une plume positive. On pourrait dire que la comtesse de Saint-Fiacre est une image de mère idéale, mais c'est davantage une sorte d'icône immatérielle qui passe dans les souvenirs de Maigret. Rappelons à ce sujet que Simenon a fait de Maigret un orphelin de mère - et ce n'est sans soute pas davantage un hasard -, et que Mme Maigret va en quelque sorte jouer le rôle de substitut maternel (même si, comme nous l'avons déjà souvent écrit, elle est bien davantage que cela…). On pourrait ajouter à Mme Maigret deux personnages qui ont des traits de ressemblance avec elle (embonpoint agréable, blondeur des cheveux, douceur et jovialité d'humeur): d'abord la marinière Hortense Canelle, dans Le charretier de la Providence, puis Mlle Clément, dans Maigret en meublé, qui, toutes deux, comme Mme Maigret, n'ont pas d'enfants mais un comportement maternel et maternant envers leurs proches…
Enfin, le dernier portrait positif de mère est celui de Justine, la vieille Vaudoise installée rue Mouffetard, la mère d'Honoré Cuendet dans Maigret et le voleur paresseux. Si elle n'est pas le personnage central de l'intrigue, elle y tient néanmoins un rôle important, à cause des liens qu'elle a tissés avec son fils, et que Maigret se plaît à relever comme autant d'éléments qui lui rendent Honoré encore plus sympathique. Justine est simple, compréhensive, elle ne s'est jamais opposée aux activités illicites de son fils, en qui elle a placé – avec raison, tient à souligner l'auteur ! - toute sa confiance. Maigret, d'ailleurs, en bon "raccommodeur de destinées" qu'il est, fera tout pour que Justine ait la récompense de cette confiance, en faisant connaître son existence à la maîtresse d'Honoré. Et une des phrases finales du roman, dite par Justine: "Je connais mon fils… Je suis sûre qu'il ne me laissera pas sans rien…" fait écho, mais a contrario, aux prétentions de la Mme Martin de L'ombre chinoise… Et ainsi la boucle est bouclée, depuis le portrait effrayant de la mère abusive jusqu'au portrait réconciliateur de la mère qui "fait confiance", cette confiance dont le manque, de la part de sa mère, a tellement affecté Georges Simenon…
Murielle Wenger
Link
SIMENON, LE TENSIONI CON LA MADRE E LA MORTE DEL FRATELLO
http://www.simenon-simenon.com/2011/03/simenon-le-tensioni-con-la-madre-e-la.html
SIMENON, ELLROY E LO SPETTRO MATERNO
http://www.simenon-simenon.com/2012/02/simenon-ellroy-e-lo-spettro-materno-1.html
SIMENON SIMENON. MOTHER HENRIETTE DEAD
http://www.simenon-simenon.com/2017/09/simenon-simenon-mother-henriette-dead-1.html
SIMENON SIMENON. WORDS FROM HIS “LETTER TO MY MOTHER”
http://www.simenon-simenon.com/2017/10/simenon-simenon-words-from-his-letter.html
SIMENON SIMENON. UNE DOULOUREUSE LETTRE A SA MERE
http://www.simenon-simenon.com/2017/04/simenon-simenon-une-douloureuse-lettre.html
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