sabato 17 marzo 2018

SIMENON SIMENON. LA VENDEE, DIX ANS APRES

Quelques hypothèses sur des rapprochements entre le romancier et son personnage 

SIMENON SIMENON. LA VANDEA, DIECI ANNI DOPO 
Alcune ipotesi su confronti tra il romanziere e il suo personaggio 
SIMENON SIMENON. THE VENDEE, TEN YEARS LATER 
Some hypotheses on connections between the novelist and his character 


1943- 1953. Dix ans séparent la rédaction de L'inspecteur Cadavre de celle de Maigret a peur. Ces deux romans partagent le fait que leur intrigue se déroule dans une même région, la Vendée. Le premier a été rédigé alors que Simenon lui-même y habite (Saint-Mesmin, à ce moment-là), tandis que le second est écrit à Lakeville, aux Etats-Unis.  
En mars 1943, au moment où le romancier achève L'inspecteur Cadavre, il vient de terminer, quelques semaines plus tôt, la rédaction de Pedigree, ce texte autobiographique sur les souvenirs de son enfance qu'il a voulu léguer à son fils Marc. On est au milieu d'une guerre dont on ne voit pas l'issue, et Simenon se réfugie dans l'écriture. L'inspecteur Cadavre est le sixième roman de la saga maigretienne qu'il a écrit pour Gallimard. S'il a repris son personnage de commissaire, c'est, dit-on, avant tout pour des raisons financières, car son éditeur lui a déjà fait savoir plus d'une fois que ses "romans durs" se vendent moins bien, et que des romans policiers, surtout avec le héros Maigret que tous les lecteurs apprécient, seraient certainement l'occasion de chiffres de vente supérieurs… Mais nous l'avons déjà écrit à plusieurs reprises sur ce blog, nous pensons que ce n'est pas la seule raison, et que Simenon avait pris du plaisir à renouer avec son commissaire, dont les aventures qu'il narrait devaient l'aider à s'évader d'un quotidien parfois difficile… 
Quoi qu'il en soit, dans les romans maigretiens précédents, Simenon s'était amusé à promener son héros surtout dans des lieux parisiens ou proches de la capitale, des grands palaces (Les caves du Majestic) aux lotissements de banlieue (Félicie est là), des immeubles de la périphérie (Cécile est morte) aux bords de Seine (Signé Picpus), avec cependant déjà une enquête hors les murs, une première incursion en Vendée, dans La maison du juge, où Maigret était exilé comme, peut-être, Simenon lui-même se sentait en exil… Alors que, dans ce roman, le commissaire fuyait Luçon pour goûter le bord de mer à L'Aiguillon, cette fois-ci, dans L'inspecteur CadavreSimenon plongeait Maigret en plein marais vendéen, à la découverte des secrets cachés et honteux d'une "bonne" famille bourgeoise, installée dans un village que le romancier inventé pour les besoins de la cause, Saint-Aubin-les-Marais. Nous n'allons pas faire l'analyse de ce roman, mais nous en retiendrons ceci, que Maigret, envoyé sur place pour une enquête officieuse, se sent aussi mal à l'aise que possible, et qu'il passe son temps à essayer de prendre le pas sur son "rival", l'inspecteur Cavre. On notera surtout le chapitre 3, lorsque Maigret mène une longue réflexion sur son malaise de "n'être plus Maigret", de se perdre dans l'anonymat et de ne plus profiter du prestige qui est le sien quand il officie à Paris. Sans vouloir faire de la psychologie de bas étage, on en vient tout de même à se demander si ces sentiments sont un peu le reflet de ceux de son créateur à cette époque-là, lui qui vivait retiré dans le petit village de Saint-Mesmin perdu dans la Vendée profonde… 
Il est intéressant de comparer L'inspecteur Cadavre avec l'autre roman qui se passe dans la région, ce Maigret a peur écrit dix ans plus tard. En 1953, c'est une autre vie qui anime le romancier. Il est installé à Lakeville depuis trois ans, il va y rester encore deux ans, cinq années pendant lesquelles il parcourt un temps fertile en événements et en écriture: naissance de sa fille, rédaction de quelques-uns des meilleurs de ses romans, et essor de sa renommée, avec l'apogée du voyage triomphal en Europe en 1952. Tout semble être pour le mieux pour le romancier et pour l'homme, et cependant, on ne peut qu'être frappé par le fait que, alors que maintenant il écrit des enquêtes bien parisiennes pour son commissaire, soudain, il l'envoie enquêter à Fontenay-le-Comte, cette ville où Simenon a vécu lui-même pendant les premières années de la guerre, et où il ne s'est pas senti vraiment à son aise. La maison du quai Victor-Hugo, qu'il détestait, le diagnostic erroné du radiologue de la ville à propos de son état de santé, tout cela ne devait pas évoquer de bons souvenirs pour lui, et cela se ressent dans la description qu'il fait de la ville dans Maigret a peur: l'enquête que doit mener Maigret baigne dans une humidité saumâtre, les notables de la ville sont dotés de portraits sans concession, et le commissaire lui-même ressent les premières atteintes du vieillissement.  
Pourquoi soudain Simenon revient-il sur ses souvenirs de dix ans auparavant ? Ici non plus, nous ne voulons pas "psychologiser" à bon marché, mais même si le romancier écrit, dans ses Mémoires intimes"Au fait, Marie-Jo, en mars, le mois qui suit ta naissance, j'écris un roman: Maigret a peur. Mais je ne suis pas Maigret, quoi qu'on prétende.", il est cependant intéressant de noter que c'est Simenon lui-même qui évoque ce rapprochement entre lui et son personnage, à l'occasion de ce roman. Et on remarquera quand même que Maigret a peur est le premier texte que le romancier rédige après avoir fêté son cinquantième anniversaire, et que c'était là peut-être l'occasion de quelques remises en question, ou en tout cas de questionnements en forme de bilan sur le temps écoulé… 

Murielle Wenger

Link
Simenon alla scoperta della provincia
http://www.simenon-simenon.com/2011/11/simenon-la-scoperta-della-provincia.html

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