Anecdotes de tournage sur le film Le chien jaune
SIMENON SIMENON. IL CANE GIALLO IN MARZO
Aneddoti di riprese sul film Il cane giallo
SIMENON SIMENON. THE YELLOW DOG IN MARCH
Anecdotes about shooting The Yellow Dog movie
Au
lendemain du tumultueux Bal anthropométrique, et en attendant les
retombées positives sur la vente des deux premiers romans de la
collection Maigret chez Fayard, Simenon se retire "à la campagne", à
Guigneville-sur-Essone, au sud de Paris, et s'installe au
"château-hostellerie" La Michaudière. Comment se sent Simenon en ce mois
de mars 1931 ? Déjà assuré du succès que va remporter le troisième
volume, Le charretier de la Providence (une publicité, dans un journal
de l'époque, annonce, le 25 mars: "Après Monsieur Gallet, décédé et Le
pendu de Saint-Pholien qui remportèrent un brillant succès, déchaînant
l'enthousiasme des lecteurs, parait Le charretier de la Providence.
Trois romans en un mois, tel est le record. Jusqu'où ira-t-il ?"), ou
encore incertain d'être sur la bonne voie ? En tout cas, rien ne
l'empêche de relever le défi, et il va écrire à La Michaudière les deux
prochains livres de la série, Le chien jaune et La nuit du carrefour, le
premier en mars 1931 et le second en avril.
L'action de Le Chien
jaune est située à Concarneau, la ville où le romancier avait passé
l'hiver précédent à écrire les textes qu'il devait à Fayard (nous en
avons parlé sur ce blog le 2 mars dernier).Dans les descriptions des
lieux que fait Simenon, on sent bien que ses souvenirs sont tout frais,
et l'évocation est presque l'équivalent d'un reportage: la tempête de
novembre qui secoue les bateaux dans le port, l'hôtel de l'Amiral aux
vitraux verts, les rues de la ville close… Le décor est tellement partie
prenante de l'action que lorsque se décidera une adaptation
cinématographique du roman, le cinéaste Jean Tarride partira en repérage
à Concarneau.
Le roman est sorti en librairie en avril 1931, et
en octobre déjà est signé un contrat pour les droits cinématographiques;
Simenon participera au travail sur le scénario et les dialogues. Jean
Tarride choisit, pour interpréter le rôle de Maigret, son père Abel
Tarride, comédien connu alors surtout au théâtre. Les intérieurs sont
filmés en studio, mais les scènes extérieures sont tournées sur les
lieux mêmes de l'action du roman.
Au mois de mars 1932, l'équipe
de tournage part à Concarneau. Le journal L'Intransigeant envoie sur
place un reporter, et publie un article le 12 mars, dont voici quelques
extraits: "Depuis une semaine, les huit mille habitants de la ville
vivent dans l'effervescence. Ils passent leur temps dehors, arpentent le
port et la place du marché […]. Jean Tarride […] a installé au
Grand-Hôtel son état-major. […] Après avoir rencontré quelque hostilité
de la part des personnages concarnois qui se sont reconnus –
caricaturés – dans le roman, toutes les libertés ont finalement été
accordées aux «gens du cinéma». Derrière l'hôtel, il y a une petite
ruelle […] dont l'importance est capitale dans le roman et dans le film.
Pour des besoins stratégiques, il fallait qu'un bec de gaz en éclairât
le coin. On en transporta un, arraché à dix mètres de là, et on le mit à
l'endroit où le scénario l'exigeait. Pendant les scènes de nuit, on
devait prendre l'horloge du beffroi […] à une heure du matin. On tourna
cela vers dix heures du soir; l'horloge fut mise à une heure… […] Et
comme la sonnerie avait été déréglée à la suite de l'opération, on
entendit sonner le lendemain […] les heures les plus fantaisistes ! […]
Rosine Deréan (l'actrice qui interprète Emma, ndlr) […] lorsqu'elle ne
tourne pas, […] fait des réussites. […] Abel Tarride fume
philosophiquement sa pipe, un indéfinissable sourire de Bouddha en
suspens sur ses lèvres. […] Les clients de l'hôtel ne trouvent plus une
chaise: le cinéma […] s'est emparé de la place ! Au milieu de tout ce
branle-bas de combat, le magnifique berger allemand Whisky promène sa
carrure d'athlète-chien. C'est lui le chien jaune. Il est doux,
obéissant. […] Il regarde Rosine Deréan tenter sa quarante-quatrième
réussite depuis le matin…"
Pour la petite histoire, mentionnons
que le patron du Grand-Hôtel, en 1936, demandera à Simenon la permission
de débaptiser son établissement pour lui donner le nom de l'Hôtel de
l'Amiral, comme dans le roman, et c'est le nom qu'il porte toujours
aujourd'hui…
A la fin mars, l'équipe cinématographique vient
tourner les scènes d'intérieur aux studios de Billancourt. Cette fois,
c'est un reporter du journal Paris-Soir qui se rend sur place: "Parmi
les «spots» et les sunlights, on distingue une vaste salle de café de
province. Les «intérieurs» de l'hôtel de l'Amiral à
Concarneau
ont été hâtivement dressés. […] Au pied d'un escalier, Robert Lepers
(qui interprète le rôle de l'inspecteur, ndlr) se penche avec
sollicitude sur un nid de paille. On m'explique: Whisky, le chien jaune,
a été blessé par les paysans et Deréan et Lepers le soignent ! Ah !
oui; mais où est Whisky ! Il n'est plus au studio, il dort ! […] Abel
Tarride questionne: "J'entre avec ma pipe ou sans ma pipe ?"…
Le
film sortira en juillet 1932, et n'aura pas le succès escompté, pas
plus que celui de La nuit du carrefour, dont nous reparlerons bientôt…
Murielle Wenger
l'atmosfera alla simenon è buona parte del fascino di questo romanzo,la trasposizione cinematografica per essere fedele non poteva che essere com è stata descritta nel post
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