A propos des difficultés de lancement de la collection Maigret chez Fayard
SIMENON SIMENON: PERCHE' PIETRO IL LETTONE NON FU INVITATO AL BAL ANTHROPOMETRIQUE?
Le difficoltà di lancio della collezione Maigret per l'editore Fayard
SIMENON SIMENON: WHY PETER THE LETT WAS NOT INVITED TO THE ANTHROPOMETRIC BALL?
About the difficulties of launching the Maigret collection at Fayard
Fulvio Nolli, dans un de ses derniers billets sur son blog se posait la question
de la raison qui a fait que, pour le lancement de Maigret au Bal
anthropométrique, le choix s'est porté non sur le roman Pietr le Letton,
premier roman que Simenon ait signé de son patronyme, mais sur Le pendu
de Saint-Pholien et Monsieur Gallet décédé. Nous proposons quelques
hypothèses de réponse.
Lorsque, à la fin mai 1930,
Simenon vient présenter le manuscrit de Pietr le Letton à Fayard,
éditeur spécialisé dans le roman populaire, celui-ci est pour le moins
dubitatif: pas d'histoire d'amour, pas de héros sympathique luttant
contre un méchant, et même pas une vraie énigme policière à la Agatha
Christie, dans ce genre whodunit qui est en vogue depuis quelques années
en France dans la toute jeune collection du Masque… Bref, il n'y croit
pas, mais il accepte quand même une publication en feuilleton dans son
hebdomadaire Ric et Rac.
Cependant le jeune romancier s'obstine:
persuadé de tenir le bon bout, il veut lancer une série policière
innovante. Et pour convaincre Fayard, il s'agit d'écrire quelques autres
textes de la même veine. Simenon va donc rédiger, pendant l'été, Le
charretier de la Providence et Monsieur Gallet, décédé. En septembre, il
retourne auprès de Fayard, et lui présente son travail. L'éditeur
accepte les manuscrits, un contrat est signé pour une publication, mais
cela ne suffit pas à Simenon: il souhaite un lancement à la hauteur de
ses ambitions, et propose un événement médiatique pour faire parler de
lui et de son nouveau personnage. Fayard finit par se laisser
convaincre, mais exige une contrepartie draconienne: pas de lancement
avant d'avoir une réserve de romans déjà écrits (pour pouvoir en publier
un par mois une fois la collection inaugurée), et, pour couvrir les
frais, 30'000 francs que l'auteur lui fournira sous la forme de romans
populaires. Certes, Simenon a l'habitude d'écrire vite et beaucoup, mais
tout de même, les conditions sont rudes, et le romancier préférerait
certainement se consacrer à cette nouvelle étape littéraire plutôt que
de continuer dans l'alimentaire. Mais si c'est le prix à payer… Il
s'exécute donc, se réfugie dans une villa de Concarneau, écrit 70 à 80
pages à raison de onze heures par jour, maigrit, traverse des moments de
doute (insomnies et même idées de suicide), mais quand il revient à
Paris au début de 1931, il peut poser sur la table les romans populaires
exigés par Fayard, et un nouveau Maigret: Le pendu de Saint-Pholien.
Simenon,
dans ses Mémoires intimes, passe comme chat sur braise sur cette
période de Concarneau, préférant accréditer la légende d'une éclatante
et assez facile réussite, ce qui ne correspondait pas tout à fait à la
réalité. S'il a quelque peu occulté ces faits, n'est-ce pas parce qu'ils
ont laissé en lui des traces qu'il préfère oublier ? A-t-il été tenté
alors de tout laisser tomber, de ne pas mener le combat jusqu'au bout… ?
Tout cela, bien sûr, ne répond pas encore à notre
question. Cependant, on peut émettre l'hypothèse que Pietr le Letton,
déjà paru en feuilleton, ne semblait pas le bon choix pour inaugurer la
nouvelle collection, car il fallait pour celle-ci jouer sur l'effet de
surprise, et proposer quelque chose d'inédit. Assouline, dans sa
biographie de Simenon, évoque une discussion que le romancier aurait eue
au début de février avec un journaliste, à qui il montre un exemplaire
de Le pendu de Saint-Pholien et de Monsieur Gallet, décédé. Au
journaliste qui lui demande par lequel il faut commencer, Simenon répond
"Par "Le pendu de Saint-Pholien", c'est le dernier écrit; c'est donc
celui qui se rapproche le plus de mon esthétique en marche." Ceci nous
donne peut-être un début de réponse: au moment de lancer le Bal
anthropométrique, le choix de Simenon peut s'être porté sur Le pendu de
Saint-Pholien parce que, écrit à Concarneau, il représentait vraiment ce
défi que le romancier voulait lancer au monde littéraire… Et quoi de
plus symbolique, dans ce cas, que cette enquête que son héros menait en
grande partie dans la ville natale de Simenon…? Et si c'est Fayard qui a
fait le choix, c'est peut-être tout simplement parce que ce roman était
le dernier arrivé sur son bureau, celui dont le contrat éditorial était
le plus récent, puisque signé le 1er février 1931, soit au moment où
commencent les préparatifs du lancement.
Mais maintenant,
pourquoi Monsieur Gallet, décédé et pas Le charretier de la Providence ?
Peut-être parce qu'on avait misé sur le côté "énigme policière" que
contenait le premier titre, avec ce cadavre qu'on exhibait sur la
couverture photographique… Ce qu'il faut savoir, c'est que, bien avant
le jour du bal, un grand battage médiatique fut mené dans les journaux;
nous avons retrouvé, dans le journal Comoedia du 7 janvier déjà, un
article autour d'une image de la couverture du roman, qui disait: "Un
crime a été commis. On a tracé à la craie le contour du cadavre. Le
commissaire avec les vêtements du mort a reconstitué le cadavre et voilà
que tout s'anime et qu'apparaît M. Gallet, décédé, le héros d'un
roman de George Simenon." Nous avons là peut-être une explication: cet
énigmatique cadavre sur la couverture du roman devait frapper davantage
les imaginations que ce brave charretier, aux allures de clochard, et
son cheval pommelé, qu'on voyait sur la couverture de Le charretier de
la Providence…
Murielle Wenger
in effetti pietr-le letton non era inedito,le charettier de la providence non aveva una copertina nè un titolo stuzzicanti,i piu "invitanti"erano i due prescelti(per me anche i meglio riusciti)
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